L’intervention de l’auteur de L’Archipel français : naissance d’une nation multiple et divisée et co-auteur de La France sous nos yeux : économie, paysages, nouveaux modes de vie, s’est attardée sur les mutations d’hier qui ont façonné une société française multipolarisée aujourd’hui. Ces transformations et ces clivages complexifient l’action publique, et l’économie mixte locale apparaît comme facilitatrice pour construire les territoires de demain et accélérer les transitions. C’est en tout cas ce que nous retiendrons des expériences partagées par l’adjointe au maire de Tours et présidente de la Sem Ligeris, Marie Quinton, ainsi que par le directeur général de la Sem SEBL Grand Est et de la Spl Saremm, Jérôme Barrier.
Des positions polarisées dans les territoires à l’heure de la mise en œuvre des transitions
Selon Jérôme Fourquet, aussi directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’institut d’études Ifop et à ce titre observateur attentif des évolutions de la société et du corps électoral, la France a été traversée par de profondes mutations ces dernières années. La désindustrialisation a redessiné les contours d’une France, anciennement marquée par l’activité productive et désormais orientée autour d’une économie du tourisme et de la consommation. « Les zones commerciales périphériques sont devenues le cœur battant de notre pays », tandis que la fermeture d’une usine est contrebalancée, sans lien de cause à effet direct, par l’ouverture d’un parc de loisirs.
Dans ce contexte, les préoccupations citoyennes changent et la société se caractérise par une fragmentation croissante. Les groupes sociaux n’ont pas disparu ; sous l’effet de multiples fracturations (sociale, éducative, territoriale, culturelle, etc.), ils ont muté, se sont autonomisés et se sont éloignés jusqu’à rendre illusoire l’existence d’une communauté unifiée. Les institutions publiques, qui souffrent d’une défiance qui s’est accrue ces dernières années, sont dès lors confrontées à une crise de légitimité dans le sens où elles parviennent de moins en moins à être représentatives de ces différents groupes sociaux. Alors qu’il convient d’accélérer la transformation de notre société pour faire face aux défis qui s’accumulent, le challenge n’en est pas moins ardu pour les pouvoirs publics.
L’économie mixte locale comme réponse à la polarisation croissante et comme moyen d’action pour les transitions
Les différents constats de Jérôme Fourquet invitent à une réflexion sur la mise en œuvre des politiques publiques. La décentralisation de l’action publique, en s’appuyant sur des élus locaux, connaisseurs des spécificités de leurs territoires et plus légitimes aux yeux de leurs administrés, paraît appropriée et l’économie mixte locale semble cocher toutes les cases. Grâce au « génie des territoires », elle est en mesure de comprendre les évolutions, de détecter les signaux faibles et d’agir en conséquence. Directeur général de la Sem SEBL Grand Est et de la Spl Saremm, Jérôme Barrier insiste sur la capacité des Entreprises publiques locales (Epl) à favoriser la complémentarité entre les territoires. Villes et campagnes ont toujours vécu en « géosymbiose » pour reprendre le néologisme utilisé dans son ouvrage Réconcilier les territoires, et les Sem, les Spl et les SemOp ont cette capacité à associer des territoires divers, des collectivités locales d’échelons différents, dans l’actionnariat de ces sociétés. C’est d’autant plus important au moment où il convient de raisonner à plus grande échelle et où les aménageurs héritent de friches industrielles à reconvertir et doivent se conformer à l’objectif du « zéro artificialisation nette (ZAN).
Des Epl pour satisfaire les multiples attentes citoyennes et accélérer les transitions
En Indre-et-Loire, la métropole de Tours et les communes qui la composent s’appuient sur une constellation d’Epl pour satisfaire les multiples attentes citoyennes et accélérer les transitions. La Sem immobilière Ligeris en fait partie ; elle a d’ailleurs été récompensée du trophée « Bâtiment durable » au cours de ce Congrès national des Epl pour son action de développement d’habitats inclusifs, à destination de jeunes actifs autistes Asperger et équipés de mobilier en réemploi.
Sa présidente Marie Quinton, par ailleurs adjointe au maire de Tours et présidente de la Fédération des élus des Entreprises publiques locales Centre-Val de Loire, est notamment venue témoigner de la pertinence des Sem, des Spl et des SemOp pour favoriser l’accès aux soins, l’accessibilité des logements et la pérennisation d’une offre de commerces de proximité. « Pour la mise en œuvre des transitions, l’économie mixte locale doit pouvoir continuer, sous l’égide des élus locaux, à travailler sur la proposition de solutions ».