Les Entreprises publiques locales doivent-elles s’inquiéter du fond de l’air économique ?
En général, le secteur public, et donc l’écosystème des Epl, joue un rôle d’amortisseur des crises. Les petites entreprises et les entreprises intermédiaires sont celles qui sont en première ligne quand une crise se fait insistante. Le secteur public n’est impacté que dans un second temps.
Quels sont les signes les plus parlants de la crise économique actuelle ?
Le chiffre des faillites d’entreprise donne la tendance. Les défaillances ont bondi de 49,9% entre 2021 et 2022 pour s’établir à 42.500 (contre 28.000 en 2021, 32.000 en 2020 et 51.000 en 2019), selon les derniers chiffres dévoilés par le cabinet Altares. Pour 2023, nous prévoyons un chiffre qui dépasserait les 70 000 faillites. Il faut remonter à 2009, après la crise financière de 2008, pour atteindre un chiffre similaire, avec 63 000 faillites. Mais il faut rapprocher ces chiffres de ceux de 2020 et 2021 en trompe l’œil puisque pas mal d’entreprises ont été maintenues sous respiration artificielle lors de la crise sanitaire, notamment grâce aux PGE (Prêts garantis de l’État), généreusement distribués.
Quelles conséquences sur l’économie française ?
Ces faillites renforceront la prudence des banques. Et auront par ricochet des conséquences sur le niveau du chômage. Nous pensons qu’il va atteindre les 8,5 % sur les deux prochaines années avant de connaître une nouvelle baisse en 2025 du fait de la sortie progressive du marché du travail des papy boomers.
Si, demain, le conflit connaît une issue « heureuse » en Ukraine, la situation économique s’améliorera-t-elle ?
Pas vraiment sur la facture énergétique puisque la coupure est actée entre la Russie et l’Europe en matière d’approvisionnement de gaz. Il faudra s’habituer à cette réalité et beaucoup de pays européens ne sont pas encore armés pour faire face à cette nouvelle donne brutale. L’histoire des sanctions (Russie, Iran, Venezuela…) montre bien que l’on ne revient pas à la situation ante. De plus, de gros investissements sont en cours concernant le gaz naturel liquéfié (GNL), ce qui signifie que l’Europe ferme la porte à un retour vers la Russie concernant son approvisionnement. L’horizon de notre dépendance énergétique se situe sur la période 2027-2030. Dans l’intervalle, il va falloir serrer les dents.
Comment évolue de ce fait la relation du Crédit Mutuel-Arkea avec ses clients, notamment les Epl ?
Nous les invitons fortement à investir dans leur transformation environnementale. Aujourd’hui, en tout cas pour nous, une entreprise qui ne dispose pas d’une vision à long terme sur le plan environnemental, se heurtera à des difficultés de croissance. Beaucoup d’entreprises en difficulté lors des précédentes crises nous remercient aujourd’hui de les avoir accompagnées avec ce message fort : investir pour vous transformer ! Nous sommes une banque mutualiste, donc nous n’avons pas de comptes à rendre à des actionnaires. C’est notre force. Aujourd’hui, si l’on veut investir dans des secteurs polluants, il ne sert à rien de passer par nous.
« Pour se sortir de la crise, l’investissement dans la transition environnementale est incontournable. »
Croissance ? Inflation ? Que nous réserve 2023 ?
La France connaîtra une légère récession avec 0,1 % de croissance en 2023. L’inflation sera plus forte en 2023 (5,7 %) qu’en 2022 (5,2 %), du fait notamment de l’effritement progressif des divers boucliers tarifaires.
Cette interview a été réalisée par Stéphane Menu, journaliste et consultant éditorial à la FedEpl.
Pour voir le replay du webinaire du Club des directeurs d’Epl, nous vous invitons à vous connecter à votre espace Adhérents (en cas de difficultés pour vous connecter: info@lesepl.fr):
Accès refusé
A lire :