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Olivier Klein est remplacé par un ministre et une secrétaire d’Etat

Publié le 28 juillet 2023

Politique de la Ville et Logement sont à nouveau scindés dans les attributions gouvernementales, et un peu plus. Olivier Klein est remplacé par Patrice Vergriete comme ministre délégué au Logement, qui sera doublé de Sabrina Agresti-Roubache, la députée de Marseille nommée secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la Ville. Tous deux sont rattachés à Christophe Béchu, avec, de plus, une double tutelle pour la Politique de la Ville, rattachée également à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Tout un symbole. Ou un message ?

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Article proposé par Cadre de Ville, dans le cadre d’un partenariat éditorial avec la FedEpl.

Olivier Klein quitte le gouvernement en cette fin juillet 2023. Il est remplacé par deux ministres. L’urbaniste de profession Patrice Vergriete, devenu maire de Dunkerque et président de la communauté d’agglomération, également président de France Ville Durable, reprend de ses mains le portefeuille du Logement. Il gère ce dossier à Dunkerque en même temps que celui de la mutation industrielle de ce grand bassin économique, en pleine démarche de décarbonation. En septembre 2022, il déclarait à Cadre de Ville, juste avant les Entretiens annuels : « La ville de 2050, c’est celle que vous voyez là, à 20% près. »

Passage dans 2 cabinets ministériels

Patrice Vergriete est loin d’être novice sur le sujet. Cet ingénieur des ponts, des eaux et des forêts est aussi docteur en aménagement. Le début de sa carrière professionnelle est marquée par son passage, à la fin des années 1990, dans les cabinets de Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité, puis de Claude Bartolone au ministère de la Ville. Là, il suit les dossiers des Grand Projets de Ville et de politique de renouvellement urbain.

Depuis, Patrice Vergriete ne s’est plus s’éloigné de cette thématique. En 2020, il prend la tête de l’Agence d’urbanisme Flandre-Dunkerque jusqu’en 2008, puis collabore au Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussés sur les questions de logement. Il travaillera également au Conseil général de l’Environnement et du Développement durable, notamment sur des missions d’évaluation de la garantie des risques locatifs.

Des expérimentations clés

Côté engagement politique, Patrice Vergriete aura marqué les esprits, durant son premier mandat de maire, grâce au lancement de diverses innovations en matière d’urbanisme et de mobilité. A titre d’exemple, la politique de gratuité des transports publics a permis une transformation profonde des aménagements urbains sur le territoire de Dunkerque. En outre, le projet « DK + de mobilité » a favorisé la pratique du vélo et la création d’aménagements pour les mobilités dites « douces ».

Des stratégies qui ont porté leurs fruits : en 2020, il devient président de l’association « France Ville durable ». Objectif : fédérer acteurs publics et privés autour de la construction de villes sobres, résilientes, inclusives et créatives. En outre, en 2022, l’agglomération a fait partie des « 100 villes de l’Union Européenne neutres pour le climat et intelligentes d’ici à 2030 ».

Sabrina Agresti-Roubache, députée Renaissance de Marseille, sera chargée de la Politique de la Ville

C’est une femme qui prend en charge le dossier de la Politique de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, députée Renaissance des Bouches-du-Rhône, élue de Marseille, où la question est centrale, comme le Président de la République a eu l’occasion de le souligner lors de sa visite à Marseille du 26 au 28 juin. L’une des premières mesures qui devrait être confirmée par la nouvelle ministre, est la confirmation de création de 4 Orcod-In dans la capitale provençale, comme Cadre de Ville l’a annoncé ce jeudi matin.

La « belle surprise » marseillaise 

La députée marseillaise (Renaissance) Sabrina Agresti-Roubache entre donc au gouvernement en qualité de ministre de la Ville, succédant à Olivier Klein. Depuis quelques jours, le landerneau local bruissait de cette rumeur, « une belle surprise », assurait même un élu suivant de très près les dossiers de rénovation urbaine, pourtant pas de son bord politique. Il était temps que les manifestations d’amour du Président de République se concrétisent par une nomination politique aussi symbolique, au-delà du déversement de subsides publiques conséquentes. Parce que Sabrina Agresti-Roubache ne laisse pas indifférent. Il s’agit à l’évidence d’une femme de combat, de convictions, dont les acteurs de la rénovation urbaine seront curieux de voir comment elle s’orientera dans les méandres administratives pour donner une impulsion nouvelle aux quartiers prioritaires, notamment suite aux récentes violences urbaines.

Une femme de combats

Son parcours politique épouse cette volonté de porter des combats de longue haleine pour travailler dans des domaines marqués par la vulnérabilité sociale. Candidate dans la très disputée 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône, couvrant les quartiers Est de Marseille, lors des dernières législatives des 12 et 17 juin 2022, sous la bannière Ensemble du parti présidentiel, Sabrina Agresti-Roubache l’avait emportée face Monique Griseti (Rassemblement national), avec 50,79 % des voix.

Élue en 2021 conseillère régionale spéciale chargée de la lutte contre les violences faites aux femmes et du harcèlement scolaire, la productrice audiovisuelle dans le privé s’est fortement impliquée pour rapprocher des élus LR et LREM au moment des élections régionales, afin de former une liste d’alliance face au RN, sans laquelle le parti de Marine Le Pen l’aurait sans doute emporté. Elle a ainsi joué un rôle majeur dans le ralliement de l’ex-maire LR des 9e et 10e arrondissements de Marseille, Lionel Royer-Perreaut, désormais député de la 6e circonscription.

Appréciée par les représentants associatifs

Sabrina Agresti-Roubache est identifiée comme l’oreille d’Emmanuel Macron à Marseille. Coordinatrice pour les Bouches-du-Rhône de la campagne pour la réélection du Président, elle a organisé le meeting de l’entre-deux-tours dans les jardins du Pharo, le samedi 16 avril 2021. C’est elle, en 2017, porte de Versailles, qui, devant 15 000 personnes, avait ouvert le meeting fondateur de la naissance de la Macronie. Elle est encore à l’initiative de l’échange entre le chef de l’Etat et six mamans ayant perdu leurs proches victimes de règlements de comptes, aux Campanules, résidence de 420 logements située dans le 11e arrondissement de Marseille.

Elle mène un travail de terrain, sans relâche, s’attirant la bienveillance des représentants associatifs. Tissu associatif qui sera attentif à la manière dont la nouvelle ministre de la Ville passe un nouvel accord avec lui.

Une enfance dans les quartiers Nord de Marseille

L’histoire personnelle ne manque pas aussi de symboles. Issue d’une famille modeste issue de l’immigration algérienne, troisième d’une fratrie de six, née à Salon-de-Provence, elle a grandi dans les quartiers Nord de la ville, à Félix-Pyat plus précisément, dans le 3e arrondissement de la ville, un des plus pauvres d’Europe.

A Marseille, sa success story débute avec la création d’une société de production audiovisuelle Seconde Vague Productions et de Gurkin Invest Films. Elle a bossé avec le groupe IAM, le footballeur Éric Cantona, des icones marseillaises dont elle rêve de rejoindre le statut. « Si elle est bien entourée, [elle] sera efficace pour la macronie », assure un collaborateur ministériel aguerri dans La Provence.

La « copine » de Brigitte

Elle est enfin une amie du couple présidentiel. Et surtout de Brigitte, « sa copine ». Un « coup de foudre » amical assure-t-elle dans un livre au titre tonitruant, « Moi la France, je la kiffe ! ». La jaquette entourant le livre avait suscité quelques commentaires moqueurs à l’époque : « Des quartiers Nord (Marseille) au palais de l’Elysée ». Une trajectoire politique à suivre, assez fulgurante à vrai dire.

Sabrina Agresti-Roubache va rentrer dans le dur. Et tout le monde est curieux de savoir comment elle va se démarquer dans un ministère difficile, supposément porté par une dynamique interministérielle, mais qui peine à trouver sa légitimité face aux mastodontes régaliens que sont l’Intérieur, la Justice ou encore le Logement…

Politique de la Ville avec le Logement : bilan d’un échec

Le Logement et la Politique de la Ville sont à nouveau deux domaines séparés dans le nouveau gouvernement Borne, comme si le bilan était tiré de l’incapacité du ministère Klein de tenir à la fois les sujets devenus ultra-sensibles, d’une part d’une filière du logement en pleine crise, et d’autre part d’une Politique de la Ville gravement bousculée par les violences sociales qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre le 27 juin.

On s’en souvient, le ministre a souvent été jugé absent sur ces deux fronts. Sur le terrain du Logement, il n’a pas plus réussi à nouer une relation avec les acteurs privés qu’il n’a pas reçus avant plusieurs mois après sa nomination, qu’auprès des acteurs publics du logement social, qui ont pu avoir le sentiment qu’Olivier Klein ne les écoutait pas, ou du moins qu’il restait impuissant face aux arbitrages du ministère de l’Economie. C’est ainsi qu’il n’avait pu faire avancer la négociation de la convention quinquennale Etat-Action Logement, ni apporter aucune assurance d’une relance à l’Union sociale pour l’habitat, tout en multipliant les déclarations amicales à l’encontre de ces milieux.
Au final, les questions de Logement avaient été reprises par Elisabeth Borne elle-même, qui avait tenu à conclure les travaux du Conseil national de la refondation Logement, marquant ainsi une rupture forte avec son ministre, rupture aujourd’hui consommée.

Quant à la Politique de la Ville, elle continuait à se déployer sous l’égide efficace de l’Anru, qui a intégré en 2023 la dimension de résilience voulue désormais pour les quartiers du NPNRU. Quant aux contrats de ville de la prochaine génération, dont Olivier Klein avait été personnellement chargé par la Première ministre, les acteurs de cette politique avouaient en fin de premier semestre 2023 manquer de repères pour y travailler. Là encore, le ministre ancien président de l’Anru, ancien maire de Clichy-sous-Bois, semble avoir fait défaut.

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Par Cadre de Ville
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