Des employés qui choisissent leurs salaires, leurs nombres de jours de congés ainsi que les clients avec qui ils souhaitent travailler, cela semble utopique. C’est pourtant une réalité dans l’entreprise Aepsilon dirigée par Franck Vu Hong. Ce dernier, également porte-parole du Mouvement impact France dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, était le premier invité de la plénière politique organisée à par la Fédération des Epl.
Une question simple résumait l’objectif de cette séance : les entreprises publiques locales, qui ont dans leur ADN le service de l’intérêt général, sont-elles des entreprises à impact qui s’ignorent ? Certaines structures de l’économie mixte, sans aller aussi loin qu’Aepsilon, ont dès à présent initié une transition et se sont imposés de grands bouleversements dans leur fonctionnement interne et externe. C’est notamment le cas de la Sem d’aménagement d’Ile-de-France Citalios, qui a intégré en 2021 dans ses statuts une raison d’être. « Le métier d’aménageur est au carrefour de nombreuses contradictions », détaille Anne Blondeau, directrice générale adjointe, grands projets et renouvellement urbain. Nous avons des objectifs environnementaux, notamment via l’objectif ZAN, n’oublions pas pour autant les objectifs sociaux. C’est tout le sens de notre démarche ». C’est également la voie suivie par la Sem qui est chargé du fonctionnement du Palais des festivals de Cannes qui a profité d’une baisse drastique de son activité pendant la période du covid-19 pour réinterroger son organisation et ses pratiques et finalement intégrer dans ses statuts une raison d’être sous forme de devise : accueillir durablement le monde.
Une action territoriale indispensable
De part leur cœur d’activités tourné exclusivement dans la réalisation de politiques publiques à destination du plus grand nombre, les Entreprises publiques locales ont, à de nombreux égards, un impact local déterminant sur l’ensemble du territoire. Or, comme l’assure Franck Vu Hong, « l’action territoriale est au cœur de la transition vers un modèle plus solidaire, plus équitable, plus soutenable ».
Côté Epl, l’impact local est naturellement symbolisé par l’actionnariat et le mode de gouvernance de ces entreprises. Cette nature propre ancre l’Epl dans son territoire et l’oblige. Parce qu’elle est le prolongement de ses collectivités actionnaires et qu’elle mène une politique d’intérêt général, l’Epl porte – plus qu’aucune autre entreprise – un devoir de responsabilité, de transparence et d’efficacité. Elle se doit donc d’être exemplaire notamment sur les questions sociales, économiques et environnementales. Par ailleurs, et comme le souligne Frédéric Cuvillier, ancien ministre et Maire de Boulogne sur Mer, également invité de ce débat, « cet impact local est d’autant plus fort que les Epl interviennent là ou l’offre privée n’est pas ou peu présente », ou dit autrement par Sandrine Charnoz, Adjointe à la Maire de Paris en charge des Sem, « pour répondre aux marchés émergents, là où le privé n’y voit pas son intérêt ».
« Tout le monde ne pourra pas mener l’ensemble des sujets de front » s’est permis d’analyser en conclusion Patrick Jarry, ancien président de la Fédération des Epl. Mais il a invité chacun à prendre le temps, comme l’ont fait Citallios et le Palais des Festivals, afin de réinterroger son organisation et ses pratiques, afin de s’améliorer sans cesse.
Ce premier dialogue avec le mouvement Impact France et les entreprises privées qui ont adhéré à cette démarche ambitieuse appelle un travail dans les prochaines années. Un partenariat et des échanges que les deux parties se sont promis d’enrichir et d’entretenir dans la durée.