Dans le monde du cinéma, si les films ont la perspective d’une Palme d’or, les salles obscures cachent un univers difficile. Entre les petites salles de quartier et les multiplexes des périphéries urbaines, peu de choses en commun. Il y a vingt ans, lorsque a commencé la crise des petites salles, concurrencées à la fois par les DVD et les multiplexes, le recours aux Sem est apparu comme une solution au cas par cas pour gérer une défaillance du secteur privé.
Pour la collectivité, il s’agissait tout simplement d’éviter la fermeture définitive d’un cinéma au centre de la ville. En dépit des difficultés de gestion de cette activité capricieuse, liée au succès des œuvres et saisonnière, les collectivités ne tournaient pas le dos à leur mission de service public. En ce cas, c’est la mise à disposition de la culture cinématographique pour tous.
En vingt ans, le nombre d’établissements français a chuté, passant de 3093 à 2057, en 2007. La moitié d’entre eux est classée Art et Essai. Les structures vieillissantes, souvent peu entretenues, des cinémas de centre ville ont du mal à concurrencer les multiplexes qui, au-delà de conditions technologiques audiovisuelles à la pointe du progrès, imposent une esthétique architecturale et un confort exemplaires et ont l’avantage d’être équipés d’un parking.
Mais la collectivité, dont la préoccupation ne peut se limiter au commerce, voit dans ces cinémas des avantages considérables, d’une part, pour répondre aux objectifs de la politique culturelle, d’autre part, pour faciliter l’échange. Lieux d’une culture populaire, mais aussi de découverte, ils confèrent à la ville un lien social que la collectivité veut faire perdurer dans les zones moins riches ou moins peuplées. C’est ainsi que les Sem, appelées en secours, passent peu à peu à l’offensive sur le cinéma. Le cas d’Epinal, où l’ancien cinéma local a été rénové et va maintenant être déplacé pour s’agrandir et occuper un quartier culturel de la ville, est symptomatique de ce nouveau positionnement.