« Avec 54 000 places manquantes dans les ports de plaisance maritimes, lacustres ou fluviaux, la situation est un véritable casse-tête pour les communes dotées de tels équipements », souligne la Fédération française des ports de plaisance. Ce phénomène se retrouve dans l’ensemble de l’hexagone, avec une importance plus ou moins forte selon les régions. Le déficit est ainsi de 33 % en région Paca, de 24 % sur le littoral Atlantique, de 16 % en Bretagne, et de 9 % en Languedoc-Roussillon, en Corse, et sur le littoral de la Manche. Conséquence : des listes d’attentes considérables, avec des durées de l’ordre de plusieurs années et un coût de gestion de plus en plus important.
Face au problème, plusieurs Epl se sont démarquées avec des solutions innovantes, ouvrant la voie à d’autres gestionnaires de ports. L’enjeu est important : comme le relève la Direction du transport maritime, des ports et du littoral (DTMPL), le déficit de places commence à peser sur l’industrie nautique française qui emploie plus de 9 000 personnes.
Des prix adaptés
Dans le Morbihan, la Sagemor s’est attaquée au problème depuis plus de deux décennies. Gestionnaire d’une douzaine de ports, elle a créé un « passeport » qui optimise la gestion des places en incitant les plaisanciers à déclarer leurs sorties en mer. Ceux-ci bénéficient alors de gratuité dans d’autres ports lors de leurs escales. Les places libérées peuvent ainsi servir à d’autres bateaux. La formule a séduit plus d’une cinquantaine de ports qui sont devenus partenaires de l’opération, de l’Aquitaine (à Port-Médoc) jusqu’au pied de la Normandie (port de Granville). La Sem prépare maintenant un contrat qui valorisera les clients qui acceptent de moduler l’emplacement de leur bateau en fonction de leur besoin réel (à terre, à flot sur ponton ou corps mort, ou en croisière).
Autre initiative innovante, au Cap d’Agde (Hérault) : les fleurs de mouillage apportent un précieux complément d’anneaux dans le port. Là encore, le prix attractif devrait séduire des plaisanciers. Le système s’adresse à ceux qui utilisent ponctuellement leur bateau et le laisse à terre, ou à un autre emplacement, le reste de l’année. Pour s’adapter à la demande, les pontons d’accueil sont également agrandis, comme à Port la vie (Saint-Gilles Croix de Vie en Vendée), où la Semvie a optimisé la réception des bateaux en escale. Un aménagement important pour ce port qui reçoit de grandes courses de voiliers comme la Solitaire du Figaro. Au Havre, la Spl Le Havre nautisme a carrément transformé un plan d’eau de centre-ville en nouveau port de plaisance. Une bouffée d’oxygène pour la ville et son port principal de 1 160 anneaux.