Territoire rural situé à mi-chemin entre Carcassonne et Castres, le Haut-Cabardès a réussi à relancer sa filière bois en pariant sur la valorisation énergétique de la ressource. Une réussite qui s'est matérialisée fin 2008 par la création d'une Sem associant les Communautés de commune du Haut-Cabardès et du Haut-Minervois, les 377 propriétaires forestiers de la coopérative Cosylva, la principale scierie du département Inard Bois, le spécialiste du recyclage des déchets de bois Valoridec, la filiale de Véolia spécialisée dans l'exploitation de chaudières bois Dalkia et deux bailleurs sociaux. « L'originalité de ce partenariat est de rassembler toute la filière, des producteurs aux consommateurs », se félicite Francis Bels, président de la Sembe.
L'histoire commence en 2007 avec le dépôt d'un dossier de pôle d'excellence rural qui permet à la Communauté de communes d'accéder aux financements qui lui font défaut pour lancer l'initiative. Ni une ni deux, une première plateforme de stockage de 2 500 m2 est construite en parallèle d'une chaudière de 250 KW portée par le bailleur social Marcou Habitat sur un lotissement de la commune de Salsigne. À l'issue d'une année de test, la qualité du circuit d'approvisionnement attire de nouveaux acteurs dont la société Audoise et Ariégeoise d'HLM. À ce stade, la fondation d'une Sem s'impose pour répondre aux demandes des nouveaux clients. Au moment de sa création, deux chaudières de 900 et 600 KW sont mises en service par l'organisme HLM à Carcassonne et à Castelnaudary ajoutant près de 577 logements aux 12 initialement chauffés grâce au bois du Haut-Cabardès.
L'année suivante, c'est Port-la-Nouvelle qui s'équipe d'une chaudière de 350 KW accolée à un ensemble de 151 logements, tandis qu'une maison de retraite de 49 lits à Fanjeaux commence les tests de sa chaudière bois (250 KW) et que les installations individuelles commencent à se développer chez les particuliers.
En deux ans, c'est une véritable relation gagnant-gagnant qui s'est installée entre les différents acteurs du projet. « Cette dynamique permet aux bailleurs de réduire durablement leur facture énergétique et donc les charges locatives, tandis que les producteurs ont la garantie d'écouler leurs stocks alors que les débouchés traditionnels de la filière se portent assez mal », explique Francis Bels. Alors qu'une remise en concurrence se profile pour l'an prochain, la société espère continuer à développer le bois énergie sur l'ensemble du département de l'Aude. « Nous sommes en discussion pour approvisionner une partie de la chaudière de Narbonne (2,7 MW), la SAAHLM doit mettre en service une nouvelle chaudière à Carcassonne d'une puissance de 1 300 KW et nous négocions également avec l'hôpital de la Ville qui envisage de se chauffer au bois pour une puissance de 1 300 KW », assure Francis Bels.