Si l’on reconnaît les hommes illustres aux traces qu’ils laissent, Monseigneur Joseph Dominique d’Inguimbert (1683-1757), évêque de Carpentras, fait assurément partie de cette catégorie. Fin lettré, bibliophile, il voulut transmettre « non seulement à [s]es concitoyens, mais aussi aux étrangers de quelque païs [sic] qu’ils puissent être, [s]a bibliothèque, [s]es manuscrits, [s]on médailler, [s]es antiques et [s]es estampes », pour reprendre un extrait de son testament.
De retour d’un périple romain, il fit construire, respectivement en 1745 et en 1762, la bibliothèque-musée qui porte aujourd’hui le joli nom d’Inguimbertine et l’Hôtel-Dieu. Puis le temps a fait son œuvre, changeant de destinée au gré des péripéties de l’Histoire. Près de 3 siècles plus tard, la capitale du Comtat-Venaissin a décidé le transfert des fonds de l’Inguimbertine dans l’ancien hôpital rénové et permet ainsi à Carpentras de renouer avec un passé prestigieux. L’affaire a été rondement menée par le cabinet d’architectes Atelier Novembre et la Sem Citadis, la restructuration de l’Hôtel-Dieu ayant abouti à la livraison d’une première tranche permettant d’accueillir la salle de lecture.
La phase 2 des travaux débute cet automne
Le projet remonte à 2002, géré dès ses prémisses par Citadis. Un temps, la création d’une salle de spectacles fut envisagée dans l’ancien hôpital. « Trop ambitieux », assure Bruno Grenier, directeur général de la Sem. En 2008, les élus se focalisent sur le transfert des bibliothèques et des musées municipaux en un même lieu.
Après plus de 2 ans de travaux, la première partie de L’Inguimbertine a ouvert ses portes l’hiver dernier. Aménagé dans l’ancienne salle des malades située dans l’aile sud du bâtiment, l’espace de 1770 m² respecte à la lettre l’esprit de la bibliothèque-musée tel que l’avait imaginé l’évêque. Autour des ouvrages anciens et des livres contemporains, peintures, sculptures et autres objets d’art rappellent que le lieu est entièrement dédié aux savoirs et à la beauté artistique. Un nouvel espace accueil a été livré ce printemps, dans l’esprit de ce chantier évolutif qui n’a pas fini de se dévoiler.
À l’automne débutera la deuxième tranche avec 2 ans de travaux consacrés à la restauration de la chapelle, de la pharmacie, de l’escalier monumental et de celui des religieuses. « C’est une opération d’envergure, emblématique, où Carpentras retrouve son passé en se tournant vers l’avenir », assure Bruno Grenier. Citadis assure la maîtrise d’ouvrage de l’opération pour le compte de la Ville de Carpentras. Le coût total des travaux s’élève à 18 millions d’euros, la Ville et l’État en étant les principaux financeurs.
Au final, habitants et visiteurs pourront découvrir une bibliothèque-médiathèque de 4600 m² disposant de fonds anciens d’une qualité exceptionnelle ; un musée de 3 000 m² qui rassemblera en un même lieu les différents les musées de la ville ; des espaces communs historiques (chapelle, pharmacie, hall des donatifs). À ceux qui croient aux forces de l’esprit, celui de Monseigneur d’Inguimbert doit y apparaître à chaque recoin de ce lieu exceptionnel.