Julia s’avance. Sa voix ne tremble pas mais on sent bien qu’elle n’a pas envie de s’attarder sur le sujet. « Je n’ai pas souhaité quitter ma maison. Mais la tempête Irma m’a obligé à me réfugier à l’étage supérieur, très vite. J’avais de l’eau jusqu’au cou », lâche-t-elle. Au quartier d’Orléans, à Saint-Martin, situé à la frontière avec la partie hollandaise, le 6 septembre 2017, 90 % des habitations ont été détruites totalement ou partiellement par l’un des ouragans les plus puissants jamais enregistrés aux Antilles. Irma n’a pas fait dans la dentelle, c’est le moins que l’on puisse écrire. « Notre patrimoine a été fortement impacté mais il a bien résisté », assure Alain Richardson, président directeur général de la Semsamar, la seule Sem immobilière présente sur l’île et qui rayonne aussi en Guadeloupe, Guyane et Martinique. Alain Richardson, qui est aussi le 1er vice-président de la Collectivité de Saint-Martin, estime que « notre responsabilité est de construire des logements et des équipements sûrs pour nos concitoyens, pour faire face aux effets du réchauffement climatique ».
Réhabilitation améliorée
Comme l’assure le préfet Vincent Berton, à l’occasion de la plénière de la 15e Conférence des Epl des Outre-mer, organisée à Saint-Martin et en Guadeloupe du 28 novembre au 2 décembre par la Fédération des élus des Entreprises publiques locales, « il y a ici un avant et un après Irma ». La Semsamar a d’abord dû faire face à l’urgence : « Nous avons du nourrir et reloger 2 000 familles. Mais surtout parer au plus pressé ». 1 345 familles de locataires de la Semsamar ont été aidées ainsi que près de 500 autres familles d’autre bailleurs. La réhabilitation a donné lieu à une réhabilitation améliorée, « pour sécuriser les biens et les personnes et accompagner les familles sur le plan social », comme le précise Alain Richardson. Cette réhabilitation a pris fin en 2020. Ce projet de quartier a permis de conforter la mixité fonctionnelle dans les résidences Les Palmeraies, les Plaines et Les Hirondelles. « 72 logements ont été progressivement transformés en locaux d’activités destinés à des services publics, à des porteurs de projets, des micro-crèches et des commerces. Engagé en 2021, ce processus doit s’accélérer en 2023 », indique le président. Les abords des résidences du quartier d’Orléans feront l’objet de réaménagements et des infrastructures de loisirs et destinées au sport verront le jour.
Logements plus résilients
Enfin, pour faire face aux risques naturels majeurs, des toitures terrasses ont été réalisées pour améliorer l’étanchéité et réduire la prise au vent et le recours à certains matériaux plus résistants a été privilégié. Dans certains logements, la création de Safety Room, pièces renforcées, permettra aux familles de se réfugier en cas de nécessité. 50 M€ ont été investis pour tourner la page d’Irma, pour faire face à des tempêtes dévastatrices qui risquent, malheureusement, de se reproduire.