C'est une démarche totalement innovante dans laquelle s'est impliquée Cycléa à La Réunion. La Sem, spécialisée dans la récupération, le recyclage et la valorisation des déchets ménagers et industriels, multiplie les contacts avec l'Etat et les collectivités voisines, à Madagascar, Maurice, Seychelles et Mayotte, pour développer une synergie inter-îles. « Tous ces territoires commencent à travailler sur la problématique "déchet" et sont prêts à mettre en place un système de collecte et de tri », explique Olivier Wagner, directeur général de la Sem réunionnaise.
En rassemblant la matière valorisable, les îles de l'Océan indien disposeraient alors d'un volume suffisant pour alimenter et rentabiliser des filières industrielles locales de transformation des déchets en matière première secondaire. Une filière papier a déjà vu le jour à Maurice, et une autre dédiée au plastique et au verre pourrait être créée à La Réunion, établissant une relation "gagnant-gagnant" entre les différentes îles qui alimenteraient les filières. « Isolément, le seuil d'équilibre financier, indispensable à l'éclosion de ces filières, ne peut pas aujourd'hui être atteint », ajoute Olivier Wagner.
Un travail complexe
La Sem a profité du passage à La Réunion en juillet de la ministre Marylise Lebranchu et du Président des Seychelles pour faire avancer ce projet. « La difficulté majeure est réglementaire », confie le directeur général de la Sem. Avec un savoir-faire acquis depuis presque 10 ans et le réseau de contacts institutionnels que lui apporte son statut de Sem, Cycléa se dit prête à aider à débloquer tous les obstacles réglementaires. « C'est un travail complexe, mais toutes les îles partenaires de l'opération en bénéficieraient ».
Gestionnaire de 11 déchèteries et d'un centre de tri ultra moderne inauguré en mars 2012, la Sem réunionnaise travaille déjà depuis près de deux ans sur un projet de valorisation locale du verre et du plastique, capable de générer une valeur ajoutée. Environ 25 000 tonnes de matières recyclables, soit près de 1 500 containers, sont pour l'instant exportées chaque année par la Sem en Asie par bateau. Elles sont transformées en matière première secondaire, utilisée par les industriels dans la fabrication de produits manufacturés. Cycléa participe désormais à la mise en place de filières locales qui pourraient voir le jour d'ici à 2015. Une aubaine pour l'île dont la population, et donc la quantité de déchets, vont croître au cours des prochaines années. Une mise en synergie avec d'autres îles permettrait d'optimiser cette valorisation à une plus grande échelle.