On y a beaucoup ouvert la bouche, au tour des esprits de s’y déployer ! Imposant édifice du XIXe siècle, l’ancienne faculté de chirurgie dentaire de Rennes est désormais destinée à être appropriée par les habitants.
La belle idée germe en 2014, alors que la construction d’une nouvelle école est requise au rez-de-chaussée de ce bâtiment, déserté au profit de locaux plus modernes. « Investi depuis quelques mois par le pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, Patrick Bouchin, le lieu a déjà fertilisé les principes d’une rénovation urbaine d’initiative populaire avec l’Université Foraine. L’exécutif local veut donc que l’expérience perdure, dans le cadre d’un programme à écrire avec les usagers dont les besoins dicteraient les interventions sur le bâti« , raconte Jean Bardaroux, directeur général de la Spla Territoires publics.
La révolution de l’aménagement
Que l’usage définisse le programme dans un univers depuis toujours réglé à l’inverse est littéralement une révolution. Et impose de nouvelles règles. Ces dernières vont tenir dans une charte co-construite qui fixe les conditions de gouvernance et de gestion collective du site rebaptisé « Hôtel Pasteur » tandis que la Spla, dont relève actuellement l’accueil-conciergerie, est mandatée pour devenir l’interface entre la maîtrise d’ouvrage publique et les résidents. Mais hormis une remise aux normes obligée (clos couvert, sécurité) et les travaux afférents à l’école, aménagements et entretien reviennent aussi aux usagers, des porteurs de projet divers hébergés pour 3 à 6 mois, le temps de tester leurs activités.
« C’est tout bonnement une nouvelle façon de faire la ville, dans un esprit d’émergence et d’inclusion sociale qui est fondamentalement celui des écocités », soutient Jean Badaroux, rappelant que l’opération bénéficie du programme d’investissements d’avenir (PIA) « Ville de demain » à hauteur de 927 000 euros. Car l’Hôtel à projets rennais n’est pas seulement emblématique de ce nouveau type d’équipement public sachant organiser le croisement des disciplines, « il illustre aussi la relation décloisonnée qui doit désormais s’instaurer entre aménageur et citoyen« , professe-t-il. Encore une découverte à inscrire au mérite de Pasteur !