De 9 heures à 18 heures, les membres du jury ont consacré leur journée de travail aux auditions des 12 candidats sélectionnés pour le concours des Trophées des Epl. « Un peu de fatigue, mais vite oubliée par la qualité des projets et l’enthousiasme des prétendants », déclare Laurent Girometti, directeur de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (DHUP) au ministère de la Transition écologique et solidaire, et pour l’occasion, président du jury des Trophées. Cinq hôtes étaient à ses côtés pour écouter et interroger les candidats.
Les questions, nombreuses à chaque passage, abordent des sujets aussi divers qu’il y a de profils de juré : deux journalistes, un banquier sans oublier les directeurs généraux de 2 Epl qui ont remporté les Trophées 2016. Pas de tabou dans les échanges. « Pensez-vous qu’une Epl puisse mener à bien un tel projet quand une simple association peut le faire ? », s’interroge l’un deux.
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En face, chargés de projets, directeurs de marketing, directeurs d’Epl et même élus défilent, avec un temps de parole limité à 10 minutes de présentation et 10 autres consacrées aux questions. Deux maires viennent défendre la politique de promotion touristique de la forêt de Brocéliande, une député veut convaincre de la nécessité d’apporter un service professionnel d’assistance aux personnes dépendantes en milieu carcéral (Spl Afpar, La Réunion). « Notre projet est unique dans ses objectifs comme dans ses méthodes car il permet à la fois d’améliorer les conditions de vie des détenus dépendants mais également de former ceux qui les accompagnent, les co-aidants, en les amenant à se professionnaliser dans l’assistance aux personnes fragiles qui peut leur servir à la sortie de prison », explique Nathalie Bassire, députée de la Réunion.
Humain, so human…
Durable, connecté, smart, innovant, les projets sont affublés de tous les adjectifs vertueux du néo-vocabulaire de l’urbanisme. Mais une part d’espoir demeure. En effet, de nombreux candidats soulignent avant tout le caractère humain de leur projet. Outre l’aide en milieu carcéral, l’approche humaine est également présentée dans la garantie de protection numérique de la vie privée. « Il s’agit, certes, d’un quartier qui répond aux enjeux de l’Écocité, mais les services numériques proposés garantissent l’anonymat des utilisateurs« , assure Christophe Perez, directeur général de la Serm au sujet du projet Eurêka à Montpellier, qui parle de « Smart Human City« . Des arguments défendus également par Christelle Baudry-Jambes, à la tête de la Sem Pau Pyrénées pour le projet de Zone d’activité as a service (Zaas) et Christine Giraudon, directrice de marketing à Lyon Park auto.
Des défis aux antipodes de la conformité
Certains projets évoquent de lourds défis entrepris pour reconvertir des friches industrielles en lieux culturels, comme le Puits Yvon-Morandat à Gardanne (13), le site du Docteur-Pierre à Nanterre (92). L’héritage à préserver est, bien sûr, patrimonial dans les 2 cas, comme dans les projets de rénovation énergétique de bâtiment par la Sem Artéé en Nouvelle-Aquitaine et la Spl Oser dans le Rhône, mais pas seulement ! Il s’est agi pour une Epl à Montpellier de créer un pôle de transformation pour… une alimentation saine et locale. Une première au sein du marché d’intérêt national (MIN) Somimon-Mercadis à Montpellier, qui s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire en promouvant la vente de produits issus d’une agriculture locale respectueuse de l’environnement.
Autre défi soumis au jury, l’innovation dans les méthodes de travail est présente dans tous les dossiers mais particulièrement dans le projet de la Sem Habitation moderne (67) qui s’est lancée dans une opération transfontalière de logements à Kehl en Allemagne. L’enjeu : construire une cinquantaine de logements en se conformant aux règles, normes et pratiques de construction allemande.
Changeons d’échelle comme de latitude avec la Secal qui propose, en Nouvelle-Calédonie, la construction d’un véritable « morceau de ville » incluant logements, activités et équipements publics structurants (hôpital, groupes scolaires, station d’épuration, échangeurs d’accès…) afin de désengorger Nouméa en doublant la population d’une commune voisine, Dumbéa.
De quoi donner le vertige en fin de séance, mais tout le monde reprend ses esprits pour départager les candidatures. Il est 18 heures passées. Les notes attribuées sont pondérées par le vote du public collecté quelques jours avant. Et les lauréats sont… ? Pour le savoir, rendez-vous le 11 octobre à midi, au palais des Congrès de Bordeaux et en direct sur les réseaux sociaux.
Toutes les candidatures sur servirlepublic.fr/trophées
Composition du jury des Trophées des Epl 2017
Président
Laurent Girommetti, directeur de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (DHUP), ministère de la Transition écologique et solidaire
Membres
Isabelle Baillet, responsable des marchés de l’économie publique, Société Générale
Claire Guiheneuf, directrice générale de Brest Métropole aménagement, lauréat 2016
Jean-Marc Joannès, rédacteur en chef, La Gazette des Communes
Patrick Le Guillou, directeur général de la Semip, lauréat 2016
Anne-Solange Muis, rédactrice en chef, magazine EcologiK