Comment concilier développement économique, avec son lot de déchets ménagers et industriels, et biodiversité ? Gestionnaire des centres de tri de Fumay et de Charleville-Mézières depuis plus de 35 ans, la Sem Arcavi a accompagné son centre d'enfouissement des déchets ultimes d'Eteignières d'une politique originale en faveur de la faune et la flore locales. L'extraction de terre argileuse pour réaliser l'étanchéïté de la décharge en matière de traitement des eaux de ruissellement avait entraîné la formation de points d'eau qui avait attiré et permis le développement de nombreuses variétés d'oiseaux. « Plus de 70 espèces, dont une vingtaine menacée ou en voie de disparition, ont été recensées par l'association de protection de l'environnement ReNard, avec qui nous travaillons depuis 8 ans », confirme Jean-Jacques Wary, directeur d'Arcavi.
Un trésor écologique que la Sem a souhaité pérenniser en créant, en périphérie du centre d'enfouissement, deux bassins d'eaux pluviales, capables de recréer les conditions d'aménagement favorables au report voire au développement de cette biodiversité. Le deuxième bassin de 4 700 m³, en particulier, se veut un endroit privilégié propice au repos des oiseaux. « De forme ovoïde à pentes douces, il offre des plages de faible profondeur orientées plein Sud », précise Anne-Lise Talbi, responsable environnement d'Arcavi.
Du miel et des abeilles
Des milieux naturels périphériques, comme de petites mares, ont été également sauvegardés ou créés pour favoriser l'accueil de batraciens, d'insectes et d'une flore typique de zones humides. « Un sentier de visite et un observatoire équipés de panneaux pédagogiques ont été aménagés afin découvrir les espèces sans les perturber », ajoute Jean-Jacques Wary. L'association ReNard, mais aussi la DREAL (direction régionale de l'environnement) et l'Agence de l'eau, ont été des partenaires clés dans la mise en place du projet et son optimisation écologique.
La Sem n'en est pas à son coup d'essai en matière de préservation de l'environnement sur le site d'enfouissement. Des essences d'arbres et de plantes locales appréciées des abeilles ont été plantées pour favoriser l'activité de cinq ruches implantées sur site. Pour la première récolte, en juin dernier, pas moins de 20 kilos de miel ont été obtenus. Autre initiative originale : l'eau chaude générée par les moteurs qui transforment en électricité le méthane récupéré dans le coeur de la décharge, sera utilisée prochainement pour alimenter des serres voisines, productrices de plantes et aliments bio. « Au total, 1,5 mégawatts sont produits et revendus à EDF, soit l'équivalent de la consommation d'une ville de 2 000 à 3 000 habitants », précise le directeur d'Arcavi.