Chaque année en janvier, Nantes vibre aux rythmes des musiciens que le directeur artistique René Martin convie à participer à la Folle Journée de Nantes. La capitale régionale y a acquis une belle renommée. Le succès est incontestable pour la Saem qui a créé l'événement en 1994. Succès public, mais aussi succès économique. Sur les 3,5 M€ du budget 2009, 1,66 M€ viennent de la billetterie. Un pourcentage de recettes directes dont rêvent nombre de festivals.
Mais ce succès ne suffit pas au bonheur de Michèle Guillossou, directrice générale de la Saem Folle Journée. Elle veut encore faire de cette fête de la musique classique, qui pourrait passer pour un moment élitiste, « un moment de solidarité ». Après quelques expériences menées de manière spontanée, la directrice a, tout au long de l'année 2008, rencontré les professionnels de la ville en charge des personnes précaires, handicapées, âgées et isolées et des enfants en difficulté. Ces réunions lui ont permis de recenser, avec ces professionnels de la solidarité, les structures à mettre en œuvre pour accueillir un public différent.
Un plan d'action a été mis au point. Pour les handicapés, de nouveaux dispositifs d'accès et d'écoute ont été mis en place. Pour les personnes ne pouvant se déplacer, des représentations théâtrales inspirées du festival ont eu lieu. « Par exemple, dans un institut de non-voyants, 300 personnes ont assisté à l'une des représentations théâtrales spécialement créées qui exprimait la vie de Bach et la musique baroque ». Autre exemple, l'Association de concerts éducatifs, unique en France, qui travaille auprès des enfants de l'école primaire, notamment les plus défavorisés culturellement, a pu préparer des enfants à assister à un concert de la Folle Journée. Il a été de ce fait nécessaire de constituer un « budget animation » de 30 000 €, abondé par les partenaires privés.
Le bilan est certes positif : « Il s'agit d'un outil d'intégration. La Folle Journée se révèle être un véritable laboratoire d'idées qui s'appuie sur la culture, accélérateur de liens sociaux ». Mais la directrice estime que l'édition 2009 est à améliorer, le travail de l'accessibilité doit se poursuivre et « ce que reçoit la Folle Journée doit être donné, avec l'aide des artistes, dans les instituts spécialisés. »