PDG de la Sem Lot aide à domicile, Marc Gastal résume la situation du département : « Le Lot est le deuxième département le plus vieux de France. Près d’1 habitant sur 3 est âgé de plus de 60 ans ; le département perd en moyenne 800 habitants par an et possède un actif pour un sénior. Le sujet du vieillissement est donc un sujet prépondérant pour nous. De plus, le Lot n’est pas un département de transit. Le réservoir de main d’œuvre est en chute libre. Enfin, il est important de rappeler que nous nous adressons aux habitants des 313 communes du Lot ». Autant d’éléments cruciaux auxquels il faut ajouter le fait que les métiers d’aide à la personne souffrent d’une image dégradée. La preuve ? Les inscriptions sur Parcoursup dans ces filières sont en chute. Face à un tel constat, la Sem a décidé de conforter les métiers en question, à travers une stratégie RH volontariste.
Troisième employeur privé du département !
« La Sem comptabilise à ce jour près de 800 salariés dont 750 aides à domicile ce qui en fait le troisième employeur privé du département, le cinquième employeur tous secteurs confondus. Près de 4 000 personnes bénéficient des services de la Sem. Cela représente plus de 600 000 heures d’aide à domicile réalisées chaque année », explique Arnaud Boué, le DG de la Sem. Forte de cette réussite, la Sem n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. « Nous intervenons sur l’ensemble du département, mais nous devons marquer encore plus notre présence dans certains endroits marqués par une faible densité démographique. Nous avons mis aussi au point un plan de professionnalisation de nos salariés pour rendre un meilleur service auprès du public ». La Sem est un véritable outil opérationnel « pour mettre en œuvre les ambitions politiques portées par le projet de mandat de l’assemblée département Lot A Venir qui s’engage pour un Lot Solidaire afin d’en faire le département du bien-vivre et du bien-vieillir. Les défis posés par notre ruralité associés au virage domiciliaire imposent une adaptation permanente de notre part, et notamment en formant en continue notre personnel ».
Tenir le cap dans un secteur en crise de vocations
La Sem joue de fait un rôle social important avec un objectif de déprécarisation de l’emploi en interne et de cohésion territoriale, à travers notamment une Cédéisation des effectifs, un meilleur encadrement des horaires, etc. « Près d’un tiers des effectifs ont 13 ans d’ancienneté et étaient donc au sein de l’entreprise dès sa création. La fidélisation des salariés est capitale. Le personnel est néanmoins vieillissant car près de la moitié des salariés ont aujourd’hui plus de 50 ans. Se pose ainsi la question d’accueillir de nouveaux salariés pour préparer la suite de l’entreprise. Je dois reconnaître qu’attirer les jeunes n’est pas facile », poursuit Arnaud Boué.
« Laboratoire d’expérimentation »
Marc Gastal insiste sur le fait que le chiffre d’affaire passe au second plan par rapport à la mission portée par la Sem. « Le chiffre d’affaires n’est pas notre boussole. Nous agissons pour appliquer les ambitions portées par le Département. La Sem nous permet d’agir sur l’ensemble du territoire ce que ne pourrait pas faire une franchise commerciale traditionnelle ». Et d’ajouter : « Nous sommes un laboratoire d’expérimentation. L’Epl permet de développer certains projets, comme par exemple le dépistage précoce de certaines fragilités liées à la vieillesse ». D’autres initiatives ont émergé ces derniers mois, comme la mise en place d’une « recyclothèque », pour recycler les aides techniques. La Sem s’est également positionnée sur les enjeux de la fracture numérique et met en place des services d’accompagnement pour les séniors afin, notamment, de les accompagner dans leurs démarches administratives. Lot Aide à Domicile propose depuis de nombreuses années un bouquet de services accessibles gratuitement pour tous les Lotois sur l’ensemble des territoires : temps de convivialité pour lutter contre l’isolement, séances de médiation canine, ateliers artistiques,… La Sem développent également une offre à l’attention des aidants, bien souvent en grande difficulté. Des séances de sophrologie leur sont gracieusement proposés et des cafés des aidants seront proposés d’ici la fin de l’année.
Dans un département où 90 % des communes n’ont pas de commerces de proximité…
« Il faut bien avoir à l’esprit que la Sem n’est pas qu’une entreprise d’aide à domicile. 90 % des communes du département ne disposent pas de commerces de proximité. Notre rôle est parfois vital pour les personnes les plus isolées », insiste le PDG. La bonne santé financière de la Sem lui permet d’envisager l’avenir avec une certaine sérénité. « Nous souhaitons nous mobiliser sur la transformation du métier de portage de repas, en assurant nous-mêmes la production des repas, en passant par la valorisation des filières courtes. C’est au cœur de l’ADN d’une Epl telle que la notre ; soutenir le développement économique locale et valoriser les solidarités territoriales et humaines. Nous pensons y arriver dans moins d’un an. Aujourd’hui notre service de portage livre 150 000 repas chaque année ce qui représente 50% du marché sur le département. Nous avons l’ambition de livrer des repas pour les scolaires, maisons de retraites, centres de loisirs, etc. Nous sommes sur le point de créer une filiale en la matière avec la création d’une cuisine centrale », ajoute Arnaud Boué.
L’impérieuse nécessité de former
La Sem développe également des services de formation, via une plateforme récemment créée du nom de Ensem (Ensemble en Occitan)… Un GIP est sur le point d’être créé pour valoriser les métiers de l’autonomie et favoriser le recrutement. Par ailleurs, la Sem entend assurer de plus en plus la gestion des résidences d’autonomie, le Département lui en a confié déjà deux. Lot aide à domicile poursuit donc sa croissance. En sachant innover dans un secteur où les collectivités locales devront être au rendez-vous.