"Quand j'ai pris la direction de la SEER (ndlr, Société d'exploitation des énergies renouvelables Grigny Viry-Châtillon) il y a 2 ans, je me suis dit qu'il était dommage de ne pas profiter de la nappe du Dogger et de son eau à 71° C qui coule sous Grigny 2 pour effectuer de grosses économies d'énergie", assure Martine Flamant, directrice générale de la société publique locale créée en 2014 dans le but exclusif de porter le projet.
L'eau du Dogger a su adoucir la position du tribunal d'instance d'Evry, accordant son feu vert à l'administrateur judiciaire pour lancer cet ambitieux projet : un investissement de 29,1 millions d'euros pour une économie de 800 000 euros par an en chauffage et eau chaude. La SEER a alors immédiatement lancé l'appel d'offres pour la réalisation des travaux de forage, l'objectif étant de mettre en service la solution géothermique dès l'hiver prochain.
Techniquement, il faudra aller pomper à 1 800 mètres de profondeur pour remonter l'eau chaude de la nappe, capable de produire 70 000 mégawattheures et d'alimenter un réseau d'environ 18 km. Au-delà de Grigny 2, le quartier du Plateau de Viry-Châtillon en profitera tandis que la Grande Borne en fera un usage complémentaire.
Dès l'hiver 2018, les habitants de la Zac centre-ville de Grigny ainsi que ceux des Coteaux de l'Orge, à Viry-Châtillon, seront à leur tour concernés.
Une Spl plutôt qu'une DSP
La détermination de tous a payé. "Ce projet technique au profit d'un projet social est de plus auréolé des vertus de l'écologie", souligne Martine Flamant, la géothermie permettant d'éviter l'émission de 15 000 tonnes de CO². En attendant l'arrêté formalisant l'opération de requalification d'intérêt national pour Grigny 2, les financeurs publics ont fait montre d'une exceptionnelle mobilisation.
Concernant les travaux de forage, la subvention du fonds chaleur couvrira 31 % de la facture, financée par l'Ademe et le Conseil régional. La réalisation de travaux dans les réseaux secondaires et les sous-stations, dont le coût est de 9 millions d'euros, sera financée à hauteur de 95 % par l'Agence nationale de l'habitat (Anah) et aussi la Région.
La SEER pilote le chantier jusqu'à la future exploitation du réseau, en lien avec le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication), l'actionnaire majoritaire. "Grigny et Viry-Châtillon ont choisi de confier à une Spl l'ensemble du processus plutôt que de recourir à une délégation de service public. C'est un choix pertinent offrant une souplesse d'intervention tout en privilégiant le sens de l'intérêt public", conclut Martine Flamant.
Visite publique et gratuite du chantier sur inscription à partir du 10 octobre au 01.69.06.02.10