Pourquoi ce film ?
JP – Un jour, un enfant m’a demandé qu’est-ce que c’est la mer, qu’est-ce que c’est l’océan, et je n’ai pas su comment répondre. Tout ce film d’1 h 43, c’est notre non réponse à cette question. Mais c’est également aller au cœur de l’océan, au milieu des espèces. C’est ressentir ce territoire fantastique, sauvage, avec une diversité hallucinante… Comment expliquer avec des mots ce que c’est que l’océan, les 3/5e de la Terre…
Quel a été votre rapport avec les scientifiques ?
JP – Grâce aux scientifiques du Census of Marine Life (Recensement de la vie marine), un programme qui réunit 80 pays et 2 000 chercheurs depuis dix ans, nous sommes allés voir les espèces dans les meilleurs endroits, aux meilleurs moments. Ils nous ont guidés, ils nous ont offert toutes leurs connaissances. Puis, tout d’un coup, nous nous sommes retrouvés sous l’eau.
Et là tout a changé. Parce que nos connaissances ne sont qu’une faible partie de la réalité du monde vivant. On a décrit 250 000 espèces ? Mais décrire une espèce ce n’est rien, une espèce c’est relation, une espèce ne se limite pas à sa forme. Ce sont toutes les relations qu’elle tisse avec les animaux de la même tribu, avec les autres espèces, avec le milieu. Et il faut être dans l’eau pour le ressentir pleinement. Il n’y a que le film qui peut véritablement en rendre compte. En voyant les images, certains chercheurs disaient : « cela fait dix ans que je travaille sur cet animal, ça je ne l’avais jamais vu ! ».
Les océans sont menacés ?
JP – Bien sûr. Il y a deux scènes sur les deux menaces essentielles qui sont, je crois, assez frappantes : la surpêche et la pollution. C’est la communauté, c’est chacun, c’est l’ensemble des nations qui sont responsables de l’état des océans. Quand on voit le bord de mer, c’est beau, c’est bleu, magnifique. On s’imagine qu’en dessous il y a plein de choses. Sauf une, pernicieuse, terrifiante, qui est le cancer de la mer, la pollution. Voilà les deux aspects négatifs, l’impact de l’homme. Mais on ne finit pas là-dessus. La mer est malade, elle n’est pas à l’agonie. Partout où l’on prend des dispositions, partout où il y a des sanctuaires, la vie est là, prête à repartir toute seule. On peut donc être optimiste et c’est raisonnable de l’être.