« Un parcours semé d’embuches avec des réticences et même des oppositions ». Daniel Rigourd, le maire de Villemeux-sur-Eure (1700 hab., Eure-et-Loir) reconnaît que son projet de maison de santé n’a pas été facile à voir le jour d’autant que l’agglomération du Pays de de Dreux dont sa commune fait partie ne possède pas la compétence santé et n’a pas vraiment soutenu le projet ! Active, Villemeux-sur-Eure compte de nombreux commerces de proximité, un groupe scolaire de sept classes ou un centre de loisirs mais son cabinet médical voyait le départ progressif de ses trois médecins. En mars 2014, le projet de maison de santé constitue donc un engagement de la campagne municipale de Daniel Rigourd, soutenu par sa colistière le Dr Nadine Aymé-Papillon. Ensuite, il faudra le temps d’un mandat pour convaincre tous les acteurs et déjouer certains pièges. Mais la ténacité a payé avec l’ouverture de la maison de santé pluridisciplinaire (MSP), labellisée par l’ARS, en novembre 2020.
Un bâtiment de 900 m²
Installé en plein centre-bourg, le bâtiment flambant neuf de 900 m² a été construit sur un terrain de 4000 m², acquis en 2011 par la ville et dénommé maison Bertheau. La MSP abrite pas moins de vingt praticiens : cinq généralistes, trois infirmières, trois kinés, une orthophoniste, une sage-femme, un pédicure, deux diététiciennes, une psychologue, une psychomotricienne… Preuve de son attractivité, elle constitue aussi un pôle universitaire en accueillant deux internes de médecine générale des universités de Paris Ouest et de Tours. « Le médecin de campagne comme avant, c’est fini, reconnaît Daniel Rigourd. Ils souhaitent aujourd’hui travailler en équipe ».
Deux millions d’euros de travaux
La maison de santé est portée par une Sem, créée en 2018, dont Daniel Rigourd est le président. Pourquoi ce choix ? « Un élu me l’a conseillé pour la souplesse de son montage financier et de sa gestion », explique-t-il. La maîtrise d’ouvrage a été confiée à la SAEDEL, Sem d’aménagement du département, qui en assure aussi aujourd’hui la gestion administrative et financière. La Sem est dotée d’un capital de 225 000 €, soit la valeur du terrain et de la MSP, réparti entre la commune (85% des actions) et les professionnels de santé (15%).
Le coût de travaux s’est élevé à deux millions d’euros hors taxes, financés en partie par les subventions de l’État (via le contrat de plan Etat-région) et de la région, chacune à hauteur de 400 000 €, ainsi que du département (150 000 €). A cela s’ajoute un emprunt de 1,4 M€ sur 25 ans au taux de 2,30 % qui se rembourse par les loyers payés par les professionnels de santé via une Sisa (société interprofessionnelle de soins ambulatoires) les regroupant tous. Preuve de son succès, la maison de santé accueille aussi des patients des communes avoisinantes, au point qu’il faut parfois attendre plus de trois semaines pour décrocher un rendez-vous ! De plus, la MSP sera d’ici peu centre de vaccination contre le Covid-19