Sur le câble sous-marin, « le projet Lum@link avance selon le calendrier prévu », confirme Marie-Lucienne Rattier. « Après l’attribution des marchés en 2023, les études de conception ont débuté en 2024, avec une pose prévue pour 2025 et une mise en service d’ici fin 2026. Ce câble permettra une connexion directe Guyane-Europe et Guyane-Brésil, garantissant une meilleure connectivité et souveraineté numérique ». Et la Splang n’entend pas en rester là : « Par ailleurs, des discussions sont en cours avec les États brésiliens du Pará et de l’Amapá, afin d’explorer des opportunités de raccordement. Cela pourrait non seulement renforcer la coopération régionale, mais également contribuer à l’amélioration du plan de financement du projet grâce à des partenariats stratégiques ».
Réduire la fracture numérique
En lien avec la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), la SPLANG joue un rôle clé dans le suivi et la mise en œuvre du projet de la couverture numérique de l’ensemble du territoire. « Avec près de 10 millions d’euros de financement de l’État, des pylônes sont en cours de construction dans des zones stratégiques pour étendre la couverture mobile, réduire la fracture numérique et répondre aux besoins des zones les plus isolées ». Quant au campus de la cybersécurité, « les réflexions pour sa création sont en cours, mais des initiatives concrètes ont déjà démarré. En partenariat avec l’ACCYB, des actions d’information et de formation ont été lancées, comme le Congrès de la Cybersécurité organisé à Cayenne en octobre 2024, ainsi que le hackathon Hack in Paradize, qui ont permis de sensibiliser et de former de nombreux participants ».
L’IA, un outil de gestion des territoires
Impossible bien entendu d’échapper à l’intelligence artificielle… « Bien que les actions de sensibilisation soient encore limitées, des projets structurants sont en préparation. La Splang prévoit de développer des expérimentations dans le domaine de la télédétection, par exemple pour optimiser la gestion des territoires et des infrastructures locales. En parallèle, des initiatives de formation et de sensibilisation ciblées sont envisagées pour accompagner les agents des collectivités dans l’utilisation d’outils basés sur l’IA. Ces projets visent à poser les bases d’une adoption progressive de l’IA au service des collectivités et de la population, tout en s’assurant que ces outils soient adaptés aux réalités locales ».
Surmonter les difficultés logistiques
Cette dynamique de développement est d’autant plus exceptionnelle qu’elle se heurte à certains récifs : « La Guyane fait face à des défis structurels liés à son isolement géographique et à une continuité territoriale limitée. Ces contraintes rendent difficile l’accès à de nombreuses villes et villages du territoire, notamment pour l’acheminement des matériels, le recrutement de main-d’œuvre qualifiée, et les interventions d’urgence. Avec une superficie de près de 84 000 km², soit environ 1,5 fois la taille du Portugal, mais une densité de population extrêmement faible et une urbanisation concentrée sur le littoral, la Guyane est confrontée à des difficultés logistiques majeures pour connecter ses zones éloignées. De plus, les conditions climatiques et la dépendance à certaines infrastructures compliquent les projets dans les zones reculées. Enfin, les spécificités locales et les problématiques liées à l’isolement sont parfois mal comprises, retardant la mobilisation des financements et nécessitant des efforts supplémentaires de sensibilisation auprès des partenaires nationaux », assure la présidente.
Le numérique, indispensable levier d’attractivité
L’enjeu numérique est de ce fait vital pour la Guyane : « Le numérique représente un levier stratégique pour le développement et l’intégration de la Guyane », dit-elle. Concernant le désenclavement, « il s’agit de connecter les zones reculées pour permettre un accès équitable aux services publics dématérialisés, tels que l’administration en ligne, la télémédecine ou l’éducation ». L’éducation et la santé sont bien entendu directement concernées : « Des initiatives comme les classes connectées permettent aux élèves des zones isolées de bénéficier d’un enseignement de qualité. En santé, le numérique offre un suivi médical plus accessible, y compris pour les patients éloignés ». En matière d’attractivité économique, « en renforçant la connectivité, la Guyane devient un pôle attractif pour les investisseurs et les entreprises numériques, ouvrant des perspectives de croissance et d’emploi ». Bref, « le numérique n’est pas seulement un outil de modernisation, mais une condition essentielle pour améliorer la qualité de vie des Guyanais tout en renforçant leur inclusion dans l’économie mondiale ».
La Spl, outil de facilitation
Le statut de Spl facilite-t-il les choses ? « Il permet une gestion autonome et souple tout en restant sous le contrôle des collectivités. La Splang se positionne comme une structure de mutualisation pour les collectivités de Guyane, proposant des services partagés dans le domaine du numérique, de l’ingénierie, et de l’accompagnement technique, juridique et financier. Actuellement, la Spl est détenue par la CTG (86,5 %), la CACL -Communauté d’agglomération du Centre littoral de Guyane- (10 %), et la ville de Saint-Laurent-du-Maroni (3,5 %). D’autres communes sont en cours d’adhésion (Grand-Santi, Maripasoula, Papaïchton, Saül…). Une fois intégrées, elles bénéficieront de services spécifiques tels que des connexions adaptées à leurs besoins et des prestations d’ingénierie pour développer leurs propres projets numériques », conclut la présidente.