Laura Le Goff n’a pas besoin qu’on lui présente la Fédération des élus des Entreprises publiques locales (FedEpl). « Je connais bien la maison », assure-t-elle. « J’ai été directrice du pôle juridique de la Sem Vendée Expansion de 2004 à 2016. Je participais régulièrement au club des juristes de la Fédération pour me former et échanger avec mes collègues. Et j’en garde un excellent souvenir », confie-t-elle. C’est en 2016 qu’elle épouse une nouvelle carrière professionnelle. « Je ne suis pas arrivée à la direction du Vendée Globe par hasard. Deux ans auparavant, alors que j’étais encore à mon précédent poste, j’avais assumé quelques missions de nature juridique pour la Sem », précise-t-elle. C’est à croire que ces « piges » ont marqué les esprits puisqu’elle répond au profil recherché lorsqu’il s’agit de remplacer dans l’urgence le précédent directeur. « J’avais les compétences pour diriger une entreprise, oui, mais je n’étais pas vraiment familiarisé avec le milieu marin. En même temps, ce n’est pas la première qu’un profil juridique a prévalu à ce poste. Quand la Sem a été créée, Philippe de Villiers, alors président du département, avait confié ce poste à une femme juriste. L’histoire se répétait en quelque sorte », sourit-elle.
« J’ai fait le tour des ports, des acteurs du nautisme »
Huit ans plus tard, elle est toujours en place. Cette année, le 9 octobre précisément, elle a reçu le prix de dirigeante sportive de l’année à l’Assemblée nationale, décerné par TPS Conseil. « C’est une sacrée reconnaissance pour moi. Elle valide la confiance que l’on m’a accordée ». Le Vendée Globe est une course hors du commun, a-t-elle l’habitude de répéter. « Après la première édition que j’ai eue à gérer, j’ai fait le tour des ports, des acteurs du nautisme. Je suis allée m’imprégner des ambiances, de l’esprit de cette course. J’ai gagné cette légitimité-là en ne me contentant pas de rester une simple gestionnaire. J’ai su aussi bien m’entourer, une direction de course compétente, on ne réussit jamais seule ». 40 skippers prendront le départ le 10 novembre : le tour du monde sans escale, le vainqueur arrivera sans doute début janvier, le dernier arrive parfois début mars. « Du premier au dernier, tout le monde est accueilli de la même manière. C’est une telle performance de réaliser seul un tel tour du monde ». Avant, pendant et après le départ, les Sables-d’Olonne vivent à l’heure de la course pendant trois semaines : animations sur le port, dans les quartiers, émission sur la course tous les 12h30 diffusée en direct, un message à forte dominante environnementale. « Le Vendée Globe, ce n’est pas seulement une course. C’est un fait de société ».
Le Vendée Globe, « un bien public »
« J’aime la nature, l’aventure, les valeurs portées par cette course, le dépassement de soi, cette capacité à en faire plus pour vivre la joie d’un évènement exceptionnel dans sa vie », assure Laure Le Goff. Cet enthousiasme repose sur des étais solides : une bonne direction de course, une sécurité maximale, dix salariés permanents partageant les mêmes valeurs et capables de gérer les 150 prestataires qui, tout au long de la course, font que le spectacle dans le lointain marin parvienne jusqu’à la terre, dans l’attente du retour des marins. Sans oublier les 380 bénévoles qui ajoutent à l’évènement sa spécificité de mobilisation locale. Cette réussite est donc portée par une Sem. « C’est la garantie que cet évènement au rayonnement international ne devienne pas un business, que ça reste un bien public », assure très posément la directrice. Les retombées économiques de la course restent sur le territoire, profitent aux habitants, aux commerçants, à l’attractivité de la commune et de la Vendée dans son ensemble. « Un tiers du budget de la Sem, de l’ordre de 21 M€, est détenu par les trois collectivités, le Département, la commune des Sables-d’Olonne et la Région des Pays-de-la-Loire. Le reste est réparti entre des acteurs privés et les recettes liées à la course ». La dynamique d’une telle manifestation, qui a lieu tous les quatre ans, irrigue le territoire vendéen : un Vendée Globe junior est organisé avec des mallettes pédagogiques distribuées dans les collèges pour sensibiliser les plus jeunes à la préservation des océans, aujourd’hui menacés. Laura Le Goff gèrera cette année sa troisième édition. Il est fort à parier qu’elle sera aussi là en 2028.