Le 26 janvier dernier, un cortège de 15 kilomètres suivait le cercueil de Paul Bocuse, mêlant la crème de la gastronomie, le gratin de la politique et un large panaché d’admirateurs. Mais pas plus que la vie hélas, la mort n’est égalitaire et, au moment des derniers adieux, tous ne sont pas si entourés, tant s’en faut. Ainsi, « chaque année, une centaine de personnes décèdent sans famille ni amis pour les accompagner dans ce dernier moment, parfois même sans l’argent pour espérer seulement une cérémonie digne de ce nom », rapporte Laure Butin. directrice générale du Pôle funéraire public de la Métropole de Lyon, qui fait de cette cause l’engagement premier de ladite Spl.
Une équipe dédiée
Grande toque ou infortuné anonyme, « la mission d’intérêt général confiée au Pôle funéraire par ses 14 communes adhérentes est bien d’accompagner chacun dans cette ultime étape de la vie« , s’en explique la dirigeante. Forte de son assise publique qui lui permet de ne pas s’arrêter à la seule question de la rentabilité, l’entreprise funéraire dédie ainsi une équipe entière à ceux que la mort trouve sans ressources ni amis. Conseiller funéraire, maître de cérémonie, porteurs, fossoyeurs, chambres funéraires… « Le cas échéant, nous travaillons également avec le collectif « Les morts sans toi(t) » afin que personne ne parte seul », ajoute Laure Butin.
Éthique et économique
L’action a évidemment un coût : 135 000 euros en 2017, soit quelque 2 000 euros par obsèques. Mais l’éthique ne nuit en rien à l’économique, soulageant les budgets communaux d’une charge qui aurait été bien plus lourde dans le secteur concurrentiel sans grever pour autant la santé financière de la Spl dont le chiffre d’affaires annuel atteint 6 millions d’euros. Plus encore, « alors que leur métier s’exerce au cœur d’un domaine où la dignité humaine est centrale, cette dynamique est aussi, pour nos collaborateurs, l’occasion d’exprimer tout leur investissement et leur utilité », rapporte Laure Butin. Parce que la mort est bien le moment où, plus que jamais, les valeurs du service public doivent vivre.