Globalement, la quarantaine de criées françaises s'inquiètent de l'évolution d'un marché de la pêche devenu difficile avec un nombre de chalutiers qui se réduit d'année en année. Les plus chanceuses affichent des comptes positifs, souvent consolidés grâce à d'autres activités « plaisance » et « commerce ». D'autres sont en déficit, comme celle du Croisic où les comptes sont nettement passés dans le rouge. Pour permettre son maintien et, avec elle, garantir la pérennité et le développement de l'activité pêche, le Conseil général de Loire-Atlantique a décidé de créer une société d'économie mixte qui regroupera les criées et les ports de plaisance voisins du Croisic et de la Turballe, dans une future société d'économie mixte.
Ambition de cette gestion commune : dégager des synergies, réaliser des économies d'échelle et mutualiser les coûts d'exploitation pour permettre le lancement d'une nouvelle dynamique. Selon la CCI, gestionnaire de la criée du Croisic (à travers un contrat de concession avec le département qui portait à l'origine jusqu'en 2030), les installations vétustes nécessitent un investissement d'au moins un million d'euros. « Je suis satisfaite de cet accord. Je me bats avec mes collègues élus depuis le début de mon mandat pour sauver notre port de pêche et les 200 emplois induits par cette activité », a commenté Michèle Quellard, maire du Croisic. L'appel d'offre pour une délégation de service public a été lancé le 23 mars. La future Sem, où le département sera majoritaire (aux côtés des communes et d'établissements bancaires), devrait être opérationnelle au 1er janvier 2011.
Les Sem apporte ainsi une réponse pertinente à un secteur en crise. Fort d'une activité de pêche stable et du soutien logistique de la Sem Lorient Kéroman (Morbihan, Bretagne), le port de Lorient a, par exemple, su résister à la contraction du marché des produits de la mer. La pêche et la criée entre en synergie avec d'autres activités, comme la réparation navale. Cette dernière est en pleine croissance depuis l'arrivée en 2002 de l'élévateur de bateaux le plus puissant de France. Fort de ce succès, le port prépare actuellement la modernisation de sa criée.
Installée depuis 1982 au Grau d'Agde (Hérault, Languedoc-Roussillon), la Criée aux poissons tire également son épingle du jeu. Gérée par une Saeml, elle subit des rénovations régulières depuis sa création afin de répondre efficacement à l'évolution d'un marché délicat. Huit millions d'euros y ont été injectés en 2009 par la Ville, l'Agglomération et le Conseil général pour moderniser et élargir les quais afin d'offrir aux pêcheurs de meilleures conditions de travail. La fin des travaux d'extension de la Criée est prévue pour septembre 2011. Ici, la pêche fait vivre 350 familles et fait entièrement partie du patrimoine historique local.