À deux pas de Paris s’étale avec langueur la vallée de l’Oise dont le tableau naturel, tel un aimant, attire les artistes du 19e siècle. C’est là que Daubigny, Corot, Pissarro ou encore Cézanne et Van Gogh vont rompre avec la peinture académique, pour donner libre cours à leurs émotions. Le fond du cœur au bout du pinceau, l’impressionnisme est né, un nouveau discours artistique que le château d’Auvers-sur-Oise, parmi les premiers centres d’interprétation de France, s’attache certes à expliciter dès 1994 mais promet carrément de ressentir depuis octobre 2017.
Après neuf mois de travaux, le site présente un nouveau parcours relevant autant du spectacle audiovisuel que de la visite au musée. « Une expérience totalement immersive, émotionnelle et sensorielle qui permet de s’approprier le regard des artistes pour mieux plonger dans leurs œuvres« , explique Delphine Travers, la directrice de la Sem Château d’Auvers qui s’occupe de la gestion du lieu.
Des œuvres originales, cerises sur le tableau
Puisant aux technologies les plus innovantes en matière de sons et lumières (mapping, morphing…), la nouvelle scénographie guide les visiteurs, de la naissance du courant impressionniste à l’émergence de ses héritiers – pointillisme, fauvisme, cubisme – au fil de 8 espaces chaleureusement habités par la voix de Jacques Gamblin, qui incarna Van Gogh en son temps. « Et pour la première fois, réel et virtuel se complètent grâce à la présentation d’une trentaine d’œuvres majeures de la collection départementale, dont La Gare d’Argenteuil de Monet ou Bateau à l’ancre à Argenteuil de Caillebotte », se réjouit Delphine Travers.
Bien décidé à devenir la pièce maîtresse de ce territoire de peinture, voire l’entrée même des itinéraires impressionnistes dessinés par les tour-opérateurs, le château d’Auvers-sur-Oise n’a pas lésiné sur l’investissement. Pour cette reconfiguration, 5,3 millions d’euros ont été empruntés par la Sem Château d’Auvers, laquelle mise bien sur la cohérence de ce lieu patrimonial, avec ses jardins, ainsi que sur la complémentarité des publics, avec ses nouveaux lieux de restauration et séminaire, pour doper la billetterie : 80 000 visiteurs sont attendus dès la première année, dont les touristes asiatiques auxquels la Sem est particulièrement attentive pour faire bonne… impression.