Si le monde ressemblait à Locminé (Morbihan), il respirerait certainement mieux. « Je n’attends rien des décisions d’en haut. Quand elles existent, il faut les saisir. Sinon, c’est localement que les projets les plus audacieux se construisent ». C’est le propos que tenait Grégoire Super, maire de Locminé et président de la Sem Liger (Locminé innovation et gestion des déchets renouvelables), le 4 novembre 2016, lors de la venue de François Hollande, pour l’inauguration de l’unité de méthanisation. Une preuve de plus de l’audace bretonne qui permettra à court terme de valoriser les déchets produits localement dans un rayon de 20 kilomètres.
Proche du 100 % sans pollution
Locminé n’aime pas se reposer sur ses lauriers et dispose toujours d’un temps d’avance. Le 17 novembre prochain sera inaugurée la première station BioGnv grand public de Bretagne. « Une réplique de la station que nous avons inaugurée en 2015, avec du BioGNV (Gaz naturel véhicule) produit sous la marque Karrgreen® », explique Grégoire Super. « Mais cette dernière avait un caractère expérimental puisqu’elle visait avant tout à servir les professionnels (artisans, entreprises et collectivités du territoire) par le biais d’un abonnement. Nous passons donc au stade supérieur. »
Le biogaz carburant est du biométhane (biogaz très épuré) utilisé comme carburants verts pour véhicules. Sa partie énergétique étant du méthane biogénique, c’est donc un GNV renouvelable (aussi dénommé « BioGNV »). Les performances annoncées relèvent de l’onirique pour les écolos : 0 % de carburant sans impact, 50 % de pollution sonore en moins, 97 % de réduction des émissions de particules fines, 70 % de réduction des émissions d’oxyde d’azote (NOx). « Pour faire son plein de BioGNV, il faut que le moteur soit adapté dès l’origine, soit que les particuliers aient équipés leur véhicule d’un kit GNV. En tout cas, ça concerne des voitures hybrides », assure le président de la Sem.
La course au BioGNV pour les gros transporteurs
Bien sûr, les habitants de Locminé et des environs seront les premiers à montrer que la lutte contre le réchauffement climatique commence par une prise de conscience citoyenne de proximité. Mais l’avenir du BioGNV se situe à un niveau bien plus crucial pour l’avenir économique du pays : « le BioGNV constitue aujourd’hui la seule véritable alternative au diesel pour les gros utilitaires et les poids lourds », conclut Grégoire Super. Les gros transporteurs, gros pollueurs de plus en plus bannis des centres-villes, l’ont compris. Et les grandes surfaces commerciales jouent les relais utiles auprès d’eux pour passer du stade symbolique de BioGNV à une dimension plus conséquente. Une fois de plus, Locminé aura montré la voie.