C'est dans une gare désaffectée depuis 1993, construite par Gustave Eiffel, que le chef Jean-Christophe Lebascle a ouvert en avril Quai de Meudon, son second restaurant. Il a installé aux fourneaux celui qui le secondait depuis des années à La Manufacture, son établissement renommé d'Issy-les-Moulineaux. Depuis, le lieu s'est déjà construit une solide réputation, celle d'un antre de la « bistronomie ». Mieux vaut réserver pour y trouver une table.
L'inédit dans l'histoire : c'est une Société d'économie mixte (Sem) d'aménagement qui est à l'origine de ce projet et qui reste le propriétaire des lieux. En l'occurrence, il s'agit de la Société d'économie mixte de l'Arc de Seine (Semads).
Désaffectée, squattée, en cours de délabrement, la gare, située sur la ligne T2 du Tramway, ne proposait pas la meilleure image de la ville aux usagers de la RATP. Il fallait lui trouver une nouvelle destination.
La Ville de Meudon a donc confié à sa Sem le soin d'acquérir auprès de Réseau ferré de France cet édifice, inscrit sur la liste des bâtiments historiques et édifié à l'occasion de l'exposition universelle de 1889. Dans un premier temps, l'idée était d'y installer une crèche, mais un recours avait poussé à l'abandon du projet. « Je me suis aperçu que ce secteur de Meudon souffrait de l'absence d'une offre dans le domaine de la gastronomie », explique Raymond Loiseleur, le directeur général de la Semads. Ainsi furent noués les contacts avec Jean-Christophe Lebascle, installé dans la commune voisine : « il est venu voir le lieu et là, tout de suite il a dit oui ».
Une nouvelle jeunesse pour la gare Eiffel
La Semads a alors engagé la rénovation de la gare, avec le suivi d'un architecte des bâtiments de France et en faisant appel aux services de l'architecte-designer Christophe Seguin. Il a fallu stabiliser la bâtisse en raison de la présence d'excavations souterraines, alléger la structure de 350 tonnes pour parfaire sa sécurité, installer les locaux techniques en sous-sol et restaurer le parvis de la gare à l'identique de ce qu'il était à l'époque Eiffel.
Le coût global de l'opération, comprenant l'acquisition de la gare et les travaux, s'est élevé à 2,5 millions d'euros financés sur fonds propres. De son côté, le chef, qui paye un loyer à la Semads, a pris en charge l'achat du mobilier (et notamment du lustre majestueux qui éclaire la salle), le tout pour 500 000 euros. Quant au piano électrique, pièce maitresse de la cuisine ouverte, il est la propriété de la Sem qui l'a acheté pour 200 000 euros. Mais, souligne Raymond Loiseleur, « si les cuisiniers aiment bien travailler avec une flamme, ce piano possède les mêmes caractéristiques que ceux fonctionnant au gaz et en plus, il est indémodable ».