Offrir aux plus démunis des fruits et légumes frais et variés dans le cadre des Restos du Cœur, tout en apportant un nouveau marché aux producteurs locaux. C’est le pari de l’Agglomération de Montpellier qui soutient l’opération à travers Mercadis, son marché d’intérêt national, géré par la Somimon. « L’enjeu était de démontrer que social et développement économique sont conciliables », commente Gabrielle Deloncle, vice-présidente de Montpellier Agglomération déléguée au commerce, l’une des chevilles ouvrières du projet. La présidente de la Somimon a su faire le lien avec deux autres femmes clés pour relever le défi : Françoise Vezinhet, présidente des Restos du Coeur de l’Hérault, et Marion Guillou, présidente de l’Inra, à l’origine de l’idée. Il leur a d’abord fallu bousculer les habitudes et les idées reçues.
Après un premier tour de table sur la faisabilité du projet en avril 2011 entre les différents acteurs¹, le MIN de l’Agglomération de Montpellier est retenu pour assister l’Association départementale des Restos du Cœur de l’Hérault (AD34) dans sa démarche. Le choix s’appuie sur le savoir-faire et les contacts acquis par le MIN en matière d’approvisionnement local. « Les fruits et légumes produits en Languedoc-Roussillon et en Paca représentent près de 40 % du volume total des produits qui transitent par le marché », rappelle Olivier Lauro, directeur général de la Somimon.
Une vingtaine de producteurs locaux
En septembre 2011, le contrat avec les Restos du Cœur est attribué à deux grossistes régionaux du MIN. Une première car l’association travaille traditionnellement avec un grossiste national. Les professionnels du MIN de Montpellier Agglomération sont un atout avec les liens étroits qu’ils ont tissé avec les producteurs du Languedoc-Roussillon. « Ces grossistes jouent également le rôle déterminant de « régulateur », par leur maîtrise globale du secteur des fruits et légumes, précise Olivier Lauro. Ils adaptent en effet la demande à l’offre au bénéfice en priorité de l’écoulement de la production des producteurs locaux, en fonction des disponibilités des producteurs, des maturités de produits et aussi des cours ».
De novembre 2011 à mars 2012, les deux grossistes ont ainsi assuré pendant 17 semaines l’approvisionnement des produits issus d’une vingtaine de producteurs locaux (dont 5 groupements), avec une démarche de traçabilité assurée par Mercadis. En avril, l’heure est au bilan. Le projet a démontré sa pertinence sociale et économique. L’Association nationale et départementale des Restos du Cœur a décidé de renouveler l’expérimentation pour la prochaine campagne, en 2012-2013.
Cette opération innovante pourrait bien maintenant faire des émules. Gabrielle Deloncle et un représentant de l’INRA se rendront d’ailleurs en septembre à Casablanca pour présenter le projet fin septembre dans le cadre des Huitièmes Rencontres Internationales de la Diversité.
¹ INRA, Chambre d’agriculture 34, producteurs, MIN, et Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF)