Mulhouse ne pouvait pas rester indifférente face au retrait en 2008 du géant industriel textile Dollfus Mieg & Cie (DMC) qui recentre alors son activité sur 5 hectares. Pas moins de dix hectares et 100 000 m² de bâtiment en périphérie du centre-ville sont alors acquis via la Serm (Société d’équipement de la région mulhousienne). « L’ambition a été dès le départ de construire un quartier innovant qui témoigne de l’histoire industrielle rhénane », explique Stephan Muzika, directeur général de la Sem, propriétaire et aménageur du site.
Le défi est ambitieux : c’est le projet du cabinet d’architectes et urbanistes Reichen et Robert qui est retenu, connu, entre autres, pour la réhabilitation de la halle Tony Garnier de Lyon, des docks Vauban du Havre, ou encore de la grande Halle de la Villette. A une dimension de développement durable s’ajoute la volonté de préserver le patrimoine bâti et paysager, dans une dynamique de mixité sociale et fonctionnelle où les volets entrepreneurial, culturel et créatif jouent un rôle clé.
Le projet Motoco
Plaçant la barre haute pour ce site, la Ville de Mulhouse a également posé en 2012 sa candidature à la prestigieuse démarche IBA Basel 2020, donnant au projet une forte dimension internationale. « La labellisation IBA pour le site sera un atout supplémentaire important », confie Stephan Muzika. Depuis un siècle, les IBA (Internationale BauAusstellung ou Imaginer et bâtir l’avenir), développées à l’origine en Allemagne, constituent en effet des outils de développement urbain jugés particulièrement performants et innovants par tous les spécialistes.
Au coeur de cette démarche originale : le projet Motoco (pour « more to come ») qui a pris place dans les 9 600 m² du bâtiment 75 de la friche DMC. Lancé avec le soutien de la Ville par le Suisse Mischa Schaub, président de l’association Motoco et directeur de l’école de design Hyperwerk à Bâle, « ce projet a l’ambition de rassembler des artistes et artisans suisses, allemands et français afin de créer un laboratoire géant dédié au design post-industriel », explique Stephan Muzika. Les premiers créateurs ont pris en septembre leurs quartiers, pionniers de cette nouvelle démarche créative. Le site se veut ouvert sur la ville : il accueil le public tous les premiers dimanches du mois et organise des événements ponctuels tout au long de l’année.