A 150 kilomètres au Nord de Nouméa, c'est un site naturel et historique exceptionnel qui est peu à peu valorisé. « Cette ancienne friche agricole, achetée par la Province Sud, comprend la plus grande forêt sèche de Nouvelle Calédonie, riche en biodiversité », explique Thierry Mennesson, directeur général de la Mwe Ara, Sem chargée de gérer le projet de développement touristique du site. En face des 13 kilomètres de côtes, le récif et le lagon sont également inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Ici, les liens sont particulièrement intimes entre la population et son environnement, à travers ses clans et une histoire qui remonte jusqu'à près de 3 000 ans, époque de la première occupation humaine. C'est dans cette région que ce sont également réfugiés les résistants kanaks après l'insurrection de 1878. « Il était vital pour la réussite de ce développement d'impliquer au projet l'ensemble des communautés de cette partie de l'île », commente Thierry Mennesson.
Dans une volonté de favoriser le partenariat et une approche participative inédite, la Sem a associé dans son capital les collectivités locales (Province Sud et commune), mais aussi les coutumiers (à hauteur de 25 % avec le Groupement de Droit particulier local), et les 6 000 habitants de la commune de Bourail (à hauteur de 25 % avec la Société de participation bouraillaise de Déva, qui compte plus de 550 adhérents).
Une « terre de réconciliation »
Un travail de terrain et de mise en relation est réalisé par la Sem pour sensibiliser et fédérer la population et tous les acteurs publics ou privés, liés au domaine de Déva. « Le pari a été de sortir des clivages, et de faire de ce site une terre de réconciliation », confie Thierry Mennesson. Mwe Ara a la délicate mission d'assurer le développement touristique du site tout en conciliant les différents usages (la nature, le tourisme, l'agriculture, les usages coutumiers…), et en favorisant la création d'emplois et les retombées économiques pour la région de Bourail. Le tout dans une logique de préservation de l'environnement et de développement durable.
Parmi ses missions, la Sem doit coordonner l'action des prestataires techniques et les entreprises pour établir et mettre en oeuvre le programme de protection et de mise en valeur des espaces naturels (zones sensibles, programme de reboisement, sentiers pédagogiques, circuits de randonnées…). Elle est aussi chargée de permettre la réalisation des travaux concernant les infrastructures de desserte générale (routes, pistes et réseaux…), et les bâtiments dédiés aux activités nautiques, et à la future ferme pédagogique.