C'est tout un équilibre écologique et économique que la plateforme bois de Blanquefort-sur-Briolance, opérationnelle depuis février 2011, veut redonner au massif forestier de Fumel, dans le Lot-et-Garonne. « La forêt est étroitement liée à notre territoire dont elle couvre plus de la moitié de la surface », commente Didier Caminade, vice-président de la Communauté de communes du Fumelois et président de la Sem Fumel Energie Durable (FED). La structure a été créée dans un premier temps pour sécuriser l'approvisionnement des chaufferies biomasse des agriculteurs serristes du territoire, puis pour accompagner les projets à l'énergie bois en cours et à venir. A terme, ce seront près de 20 000 tonnes de bois qui pourront y transiter. La plateforme devrait apporter ainsi un nouveau souffle à une filière bois qui a vu son carnet de commande fondre depuis quelques années. « Longtemps florissant, l'approvisionnement en bois local s'est étiolé en faveur des bois venus d'Asie ou de l'Est de l'Europe, entraînant la disparition de la culture forestière et de nombre de professionnels de la filière », explique Didier Caminade.
L'ambition de la Sem est de structurer une filière bois énergie complète, entraînant une valorisation de la ressource en amont, à travers une meilleure gestion et l'entretien du massif forestier. « L'ouverture de la plate-forme a déjà permis de créer deux emplois directs, précise le président de la Sem. Elle générera aussi des emplois indirects chez les entrepreneurs locaux de maintenance/installation/suivi des chaudières bois, de transport, de broyage et chez les exploitants forestiers ».
Un partenariat « exemplaire »
Conscients de l'enjeu que représente ce projet pour le territoire, deux opérateurs privés, un exploitant forestier et un transformateur de bois, sont entrés dans le capital de la Sem, détenue à 51 % par la Communauté de communes du Fumelois. L'implication forte d'autres partenaires financiers comme l'Etat et l'Europe a également contribué à la réalisation effective du projet. « Le partenariat croisé qui s'est créé avec les collectivités a été exemplaire, permettant un investissement lourd, avec une rentabilité d'ici 5 à 10 ans », ajoute Didier Caminade. Le broyeur tourne aujourd'hui à 20 % de ses capacités, l'objectif étant d'atteindre les 10 000 à 15 000 tonnes de plaquettes forestières dans les cinq prochaines années. Ce nouvel outil de production permet l'essaimage de projets de réseaux de chaleur et de chaudières sur le territoire. Les premières installations ont été réalisées dans le collège de Monflanquin et dans le Foyer d'accueil polyvalent pour adultes handicapés de Belvès. « Au total, neuf chaudières bois seront en service d'ici 2014 », précise le président de la Sem.
Les ambitions sont également écologiques. L'implantation de la plateforme, au plus proche de la forêt, permet un approvisionnement rapide par les scieries du Nord du Lot-et-Garonne et du Sud de la Dordogne. Les plaquettes sont ensuite livrées dans un rayon maximum de 60 kilomètres, dans une logique de circuit court. La Sem s'est aussi investie dans la préparation et le stockage du combustible « afin de produire une plaquette forestière de qualité, en maitrisant la production et la commercialisation, mais également de garantir l'approvisionnement en bois énergie des collectivités jusqu'aux particuliers ».