Votre nom s'inscrit à l'annuaire des "fameuses" qui valorise des femmes du Grand Ouest. En êtes-vous flattée ?
Ces inventaires font surtout fonction d'exemple. J'ai d'ailleurs longtemps pensé que ma place n'y était guère, ma carrière s'étant déroulée dans un secteur paramédical très féminisé et mon parcours politique relevant d'abord d'un jeu de quota. Mais cette approche est, il est vrai, un peu différente depuis que je suis présidente d'une Sem.
Qu'est ce qui a changé ?
Même si du chemin reste encore à parcourir, la parité a porté ses fruits en politique. D'élues "alibis" en 2001, les femmes ont su devenir des conseillères et adjointes à part entière, voire des maires et présidentes comme en témoigne Johanna Rolland** à Nantes. Mais dans le secteur économique – et donc au sein des Epl qui en sont le reflet – la place des femmes reste un vrai sujet avec moins de 15 % d'entre elles aux conseils d'administration.
Avez-vous été en butte à des remarques ?
Jamais, mais si les hommes ont appris à taire ces réserves, ils n'ont pas encore tous appris à penser différemment et cela transparaît dans la manière dont leur regard glisse parfois sur vous ou la façon dont votre parole est coupée. Autant d'attitudes qui contraignent toujours les femmes à devoir s'imposer, sans verser dans des réactions que ces messieurs auraient beau jeu de qualifier de mégères !
"Les Epl devraient penser à la parité, à l'instar des collectivités dont elles sont issues"
Depuis votre élection à la présidence de NGE, comment vous y êtes-vous prise ?
Femme et "écolo", inutile de dire que ce ne fut pas simple ! Ma charge relève d'un accord politique et non d'une reconnaissance intuitu personae, d'où la nécessité de prouver doublement que la fonction n'était pas usurpée… Nécessité, au passage, très féminine quand les hommes sont toujours si convaincus de leurs compétences ! En bûchant mes dossiers et passant du temps sur le terrain, je suis donc allée puiser assurance et reconnaissance dans la connaissance !
Quand la cause des femmes sera-t-elle acquise ?
Lorsque des interviews de ce type ne seront plus nécessaires… En tant qu'entreprises publiques portant les valeurs d'exemplarité qui sont celles des collectivités, les Epl devraient peut-être penser à imposer la parité au sein de leurs instances, les quotas étant une étape toujours utile pour briser le machisme des uns et le plafond de verre des autres.
Propos recueillis par Laurence Denès
*Nantes gestion équipement, opérateur de la politique de mobilité et de stationnement de l'agglomération pour les voitures et vélos.
** Johanna Rolland a été élue maire de Nantes en 2014.