Le Familistère Godin, c'est l'histoire d'une utopie qui s'est réalisée ! Une utopie née au milieu du XIXe siècle dans l'esprit de Jean-Baptiste-André Godin, alors à la tête du n° 1 mondial de la production de poêles en fonte. Soucieux d'améliorer les conditions de vie de ses ouvriers, ce dernier décide de construire pour eux un ensemble urbain inédit autour de son usine de Guise dans l'Aisne. Logements, économats, lavoir-piscine, écoles, théâtre, c'est un véritable « Palais social » que l'industriel remet entre les mains de ses employés, qui en assurent la gestion pendant plus d'un siècle. La structure associative initialement créée pour gérer le lieu ne résistera cependant pas aux appétits commerciaux de la société Lecreuset, qui reprend l'usine en 1968, mettant fin aux ambitions de Godin. Revendus aux occupants et à de nouveaux arrivants, les quatre pavillons alors dédiés au logement deviennent de fait des copropriétés. Problème : plus de la moitié des surfaces étant des parties communes classées monuments historiques, et donc très coûteuses à entretenir, l'ensemble tend à se dégrader.
À la fin des années 90, les deux écoles et le théâtre tournent encore, mais économats et lavoir-piscine tombent en ruines. C'est alors que le département, soucieux ne pas laisser périr ce patrimoine, fonde un syndicat mixte en partenariat avec la ville destiné à reprendre la gestion du site. « Sans l'intervention des collectivités, le Familistère serait devenu insalubre », confie Raphaël Dumay, responsable de l'opération. Dès lors, l'avenir du Familistère sera muséal, sans pour autant renier sa vocation sociale originelle.
En dix ans, la Société d'équipement du département de l'Aisne (Seda) rachète la quasi-totalité des 202 logements pour remettre un foncier réunifié au syndicat. Parallèlement, deux parkings de 200 et 150 places sont créés et les jardins sont entièrement réhabilités tandis que le syndicat mixte se charge de transformer le bâtiment central en un musée dédié à l'histoire du Familistère et des utopies. L'aile droite, elle, reste réservée à l'habitat et propose désormais plus de 80 logements. Aujourd'hui, seuls deux logements restent à racheter et l'attention se porte désormais sur la création dans l'aile gauche du Familistère d'un équipement hôtelier associant hébergement et restauration. La Seda, elle, doit encore réaménager la place centrale du site pour que le Familistère soit fin prêt à accueillir les 80 000 visiteurs annuels qui y sont attendus.