Inventer l’eau tiède… La locution pourrait prêter à sourire si l’exploit n’était pas bel et bien au rendez-vous. Concessionnaire du futur quartier Ferney-Genève Innovation appelé à devenir un pôle économique majeur de l’agglomération franco-valdo-genevoise, la Spl Terrinnov va en effet y déployer un réseau de chauffage unique en France, dit d’anergie. Son principe ? « Récupérer l’énergie résiduelle ou « fatale » (eau à 25°) issue des dispositifs de refroidissement des activités économiques pour chauffer les logements et bâtiments », explique le président de la Spl, Vincent Scattolin. Mettant ainsi en réseau les unités qui consomment et celles qui produisent, le système d’anergie fonctionne non seulement en équilibre entre bâtis, « il garantit aussi un équilibre inter-saisonnier grâce à plusieurs sondes géothermiques qui stockent à 230 mètres de profondeur l’énergie abondamment produite en période estivale pour la restituer l’hiver », ajoute l’élu.
3 900 voitures de moins !
Implanté à quelques encablures du site, le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) fournira gratuitement la majeure partie de la matière première, une eau jusqu’ici donc perdue car insuffisamment chaude pour être exploitée. « Issus de l’accélérateur de particules, ces rejets de chaleur mettront à disposition de 20 000 personnes une énergie à plus de 55 % renouvelables. Cela contribuera à supprimer l’équivalent de 5 000 tonnes d’émissions de CO2 chaque année, soit 3 900 voitures », précise Vincent Scattolin.
Une Semop à l’exploitation
Mieux encore : tel un Lego®, le dispositif devrait, à terme, s’emboîter avec d’autres réseaux (photovoltaïque, numérique…) jusqu’à construire un véritable smart grid piloté par un data center. Associant le Pays de Gex Agglo à Dalkia et à la Banque des Territoires, une Semop a d’ailleurs déjà été constituée pour déployer et exploiter le réseau de moyenne température sur la ZAC Ferney-Genève Innovation et de haute température sur le reste de la ville. Une façon sûre de garder la main sur ce projet car ce smart grid n’est pas qu’un vecteur innovant de la transition énergétique : « C’est aussi le support d’une plus grande équité sociale en proposant au plus grand nombre une énergie jusqu’à 15 % moins chère », conclut Vincent Scattolin.