La 3e édition du Trophée national de l'entreprise citoyenne, qui s'est déroulée lundi 29 novembre au Sénat, a mis à l'honneur Trisélec, société d'économie mixte de Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU), spécialisée dans la traitement et la valorisation de déchets ménagers. Dans la catégorie PME, l'entreprise a reçu le prix spécial du jury pour sa politique de recrutement et sa formation innovante contre l'illettrisme. La récompense d'un travail initié en 1994 par la Sem, sous l'impulsion de Patrick Vandamme, directeur des ressources humaines puis de la production de Trisélec, et de Paul Deffontaine, président de la Sem et alors également vice-président de LMCU.
« Notre démarche démontre qu'un projet social peut aussi nourrir un projet économique », commente Patrick Vandamme. Depuis sa création, Trisélec, qui travaille en collaboration avec les services sociaux de huit communes de l'agglomération lilloise, embauche plus de la moitié des employés de son service production sans aucun critère de sélection, sinon d'être demandeurs d'emploi de longue durée. « Environ 170 salariés acquièrent ainsi chaque année une formation au centre de tri, telle que conduite de poids-lourds ou d'engins de travaux publics, avant d'être recrutés pour la plupart, avec notre aide, dans une firme locale », explique le directeur de production de Trisélec, également vice-président de l'association des entreprises de la Vallée de la Lys qui regroupe pas moins de 140 sociétés.
Et le succès est au rendez-vous dans ce centre de tri de déchets ménagers, considéré comme le plus important de France avec ses 65 000 tonnes par an. « Cette politique sociale apporte une incontestable plus-value et engendre des résultats économiques intéressants », commente Patrick Vandamme. Malgré le turn-over important des employés, avec 170 en requalification sur les 290 du service production, les déchets sont valorisés à 92 % dans le centre de tri, contre une moyenne nationale de 76 %. « Le personnel est motivé. Il apprécie qu'on lui fasse confiance », explique Patrick Vandamme. Les chiffres confirment la dynamique avec un taux de reclassement de 60 % au terme de la requalification.
Autre initiative : une collaboration de Trisélec avec le centre pénitentiaire de Loos pour une formation de deux mois des détenus et un avec un contrat de travail de six mois à leur sortie. Du coup, le taux de récidive est passé de 50 % à moins de 10 %. « On redonne tout simplement une perspective d'avenir à des gens qui n'en avaient plus », note Patrick Vandamme.
Depuis 1998, la Sem, lutte également contre l'illettrisme de ses salariés. « Il concerne environ 20 % des 290 personnes de la chaîne de production ». Une vingtaine de salariés en insertion suivent régulièrement cet enseignement proposé par visioconférence, dans le centre de ressource multimédia intégré à l'usine, avec un formateur spécialisé, basé à 18 kilomètres à Lille. Une nouvelle démonstration que défi économique peut aussi rimer avec défi social.