Certes, Triselec a pour mission le recyclage des déchets au sein des centres de tri qu'elle conçoit et exploite. Mais au-delà de son activité industrielle et environnementale, l'entreprise développe aussi une forte ambition sociale, investie dans la requalification de personnes très éloignées du travail. Et pour Valérie Lervant, entrée en ces lieux en 1998 sous l'étiquette de CES (contrat emploi solidarité), la précision fait sacrément sens.
"J'étais alors à la recherche d'un emploi, avec juste en poche un CAP couture qui ne correspondait pas vraiment à une vocation. Le centre de tri d'Halluin recrutait, et cette main tendue vers moi, je suis heureuse de pouvoir l'offrir à mon tour à d'autres, dans un geste tout aussi salutaire pour l'environnement", explique avec ferveur celle qui, en dix-huit ans, est passée d'opérateur de tri à responsable de table pour occuper aujourd'hui les fonctions de chef de halle, également appelé coordinateur d'atelier ou chef d'atelier.
Continuer d'aider
Car si les appellations changent au fil des époques, celle de leur féminisation n'a toujours pas sonné ! "Le métier est physiquement dur, essentiellement exercé en station debout, les gestes sont répétitifs et usent les épaules"… Et cela sans compter la contrainte des postes – 6h/13h30 ou 13h30/21h – "des horaires éprouvants qui imposent aussi aux mamans la présence d'un entourage en mesure de prendre en charge les enfants", souligne l'intéressée.
Résultat : 30 % de femmes à peine dans l'entreprise, et moins encore devant les tapis, que ce soit en tablier gris (opérateurs de tri), vert (responsables de table polyvalents) ou rouge (chefs de halle). "Cela n'empêche pas une très bonne ambiance et un esprit d'équipe qui gomme totalement les différences", assure Valérie Lervant, laquelle ne se souvient ni de mots déplacés, ni de réserves devant "une femme aux commandes".
Alors, pas question de changer de métier : à 45 ans et 50 kilos à peine, Valérie Lervant garde l'énergie chevillée au corps pour "continuer d'aider les gens autant que je le pourrai", sous l'encadrement de Khalid Stira. Et peu importe in fine le sexe des uns ou des autres, diraient certains anges qui savent de quoi ils parlent !
Laurence Denès
* La Spl Triselec est née en janvier 2014 de la fusion-absorption de la Sem Triselec Dunkerque par la Sem Triselec Lille.