Pour les 5 000 habitants de la cité Griffeuille, en périphérie d’Arles, le centre-ville paraît très lointain. Et quand le cœur de la ville bat autour d’évènements aussi porteurs que les Rencontres internationales de la photographie, l’impression de relégation est encore plus douloureusement ressentie.
David Grzyb, conseiller municipal et premier vice-président de la communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette, préside la Sem du Pays d’Arles (Sempa), gestionnaire de Griffeuille depuis suffisamment de temps (2001) pour décrire le phénomène. « Le patrimoine de la Sem est d’environ 1 500 logements sur le territoire arlésien, assure-t-il. Construits dans les années 60, nous les avons réhabilités pour la plupart. Mais l’amélioration du bâti ne peut être qu’un des éléments de la cohésion sociale. Nous nous sommes tournés vers les activités socioculturelles et artistiques ».
Notamment à Griffeuille où, en 2008, une galerie à ciel ouvert a émergé au beau milieu du quartier, des cimaises étant installées au pied des immeubles pour y exposer régulièrement des œuvres d’artistes en résidence. Un lieu d’exposition éphémère, où les œuvres font corps avec l’extérieur.
Restitution monumentale le 8 juillet
Dans le même temps, le festival Voies Off, alternative artistique aux Rencontres d’Arles, et la Sempa ont fini par croiser leur chemin. Depuis 3 ans, la photo a investi Griffeuille. Le 8 juillet, les 2 structures invitent les habitants à découvrir une projection de photographies en plein air réalisées par des photographes en résidence (François Galeron, Gilles Magnin, Romain Boutillier) et des habitants et enfants du quartier.
Tout au long de l’année, artistes professionnels ou en devenir ont interrogé le quartier dans tous les sens mais aussi… les légumes des jardins familiaux éparpillés aux quatre coins de la cité. Ces travaux feront l’objet d’une restitution monumentale sur les murs du quartier. « On ne sait jamais ce que produit sur les habitants ce type de proposition artistique. Certains me disent qu’ils font désormais l’effort d’aller visiter des expositions aux Rencontres. L’essentiel, c’est qu’ils ressentent fièrement l’identité de leur quartier », conclut David Grzyb. La culture réduit toutes les distances.