Approvisionnement local pour les Restos du Coeur de l’Hérault
Objectif
Ce projet est « le fruit » d’une expérimentation inédite autour du développement durable et de l’accès à l’alimentation des plus démunis. Ce thème a été développé par l’Unité mixte de recherche innovation de l’INRA de Montpellier.
Le triple objectif de l’expérimentation étant de :
→ proposer aux plus démunis une alimentation de qualité, diversifiée.
→ soutenir la production locale.
→ réduire l’impact environnemental lié à l’approvisionnement.
Description
Décembre 2010 : l’INRA lance le défi avec l’Association départementale des Restos du cœur de l’Hérault (AD34, présidée par Françoise Vezinhet) d’approvisionner les 20 000 bénéficiaires (chiffre malheureusement en constante progression) en fruits et légumes locaux. L’usage voulait que l’Association nationale (AN) des Restos du cœur confie – après consultation – l’approvisionnement de 115 000 000 repas/an destinés aux 900 000 bénéficiaires en France à un grossiste national.
Avril 2011 : après un premier tour de table sur la faisabilité du projet (INRA, la chambre d’agriculture 34, producteurs, MIN, DRAAF) le MIN est retenu pour assister l’AD34 dans sa démarche.
Mai 2011 : après approbation du CA de l’AN, le MIN rédige le cahier des charges d’approvisionnement (avec l’AN et l’AD34, un grossiste, un juriste) sur la base duquel l’AD34 lance la consultation.
Septembre 2011 : le marché est attribué à 2 grossistes régionaux du MIN. 50 % des volumes livrés seront produits localement. Le prix sera fixé par l’appel d’offre national. Une double démarche de traçabilité et qualité sera poursuivie.
Novembre 2011 > mars 2012 : les 2 grossistes assurent pendant 17 semaines l’approvisionnement des produits issus d’une vingtaine de producteurs locaux (dont 5 groupements).
Avril 2012 : le bilan de la campagne est fait.
Mai 2012 : l’AD34 avec l’avis favorable de l’AN informe le MIN du renouvellement de l’expérimentation pour la campagne 2012-2013.
Effets
Les relations entre l’AD34 et les grossistes ainsi que la parfaite connaissance de la production par les grossistes ont permis d’adapter l’approvisionnement à la maturité des productions locales. Cela a été très bien perçu par les producteurs. En début de campagne ils ont pu écouler une marchandise qui ne trouvait pas preneur : baisse de la consommation de légumes d’hiver en raison d’un hiver tardif.
En fin de campagne, effet inverse : la pénurie sur certains produits en raison d’une fin d’hiver très rigoureux a été compensée par l’écoulement de calibres invendables ou de produits non prévus initialement.
Les bénéficiaires et bénévoles y trouvent des intérêts sur la fraicheur des produits, les propriétés organoleptiques et visuelles des produits. Moins de produits sont jetés. Les bénéficiaires commencent à avoir un sentiment d’appartenance à un projet de développement économique local et solidaire.
Financement
L’Association nationale des Restos du cœur bénéficie d’un budget pour acheter ses produits alimentaires. Ce budget provient de dons, ventes de disques et subventions. Ils achètent les produits alimentaires dans le cadre d’un appel d’offre national pour le compte des 90 associations départementales. De part sa rédaction, cet appel d’offre est forcément attribué à un grossiste national. L’AD34 a souhaité se rendre plus autonome afin de favoriser les produits locaux. Les prix d’achat de ces produits locaux (100 T) a été fixé par les prix issus de l’appel d’offre national (45 000 T).
L’approvisionnement local sur des volumes plus faibles n’a été plus coûteux (sans économie d’échelle).
L’INRA a bénéficié du financement de la DRAAF pour un poste de stagiaire qui a évalué les retombées de l’expérimentation.
Valeur ajoutée de l'Epl
En s’affranchissant de l’appel d’offre national l’AD34 prenait un risque important. La connaissance par le MIN du secteur économique (grossistes, producteurs), la validation juridique du projet faite à l’initiative du MIN ont convaincu l’AD34 et l’AN de la faisabilité de l’expérimentation.
La neutralité du MIN a permis une mise en concurrence. Sa liberté d’action a permis de consacrer du temps à ce projet entrant parfaitement dans la stratégie de développement mise en place sur le MIN. L’objectif direct étant de bénéficier de retombées économiques pour les opérateurs et d’offrir aux collectivités une solution pour l’approvisionnement local. L’objectif indirect étant d’inscrire davantage encore le MIN comme outil du développement économique local et convaincre les institutions et collectivités d’appuyer les projets ambitieux qu’il porte.
Cette expérimentation a été suivi de près :
→ Conférence de presse de lancement de la campagne 2011-2012 (Montpellier, octobre 2011)
→ Séminaire PSDR, pour et sur le développement régional en Languedoc-Roussillon, dans le cadre du projet Coxinel (Montpellier, juin 2012)
→ Comité régional alimentation animé par la Draaf (Montpellier, juin 2012)
→ 8e Rencontre internationale de la diversité (Essaouira, Maroc, novembre 2012)
→ Table ronde sur l’approvisionnement local au Congrès des Epl (Montpellier, novembre 2012)
Point de vue de l'élu
Valeurs économiques et valeurs sociales se sont rejointes autour de la campagne d’approvisionnement 2011-2012 en circuit de proximité des Restos du Coeur de l’Hérault. A l’initiative de l’INRA, ce projet a pu voir le jour grâce à l’implication des producteurs, des grossistes et de la Somimon. La neutralité de la Somimon lui a permis d’organiser la consultation nécessaire à la mise en concurrence des différents acteurs et d’assurer une démarche de certification de l’approvisionnement local.
Les points positifs à retenir sont principalement le complément de revenu pour les producteurs, la création de liens entre grossistes et producteurs locaux avec potentiellement de nouveaux marchés pour ces derniers, l’accès pour les bénéficiaires à des produits plus frais.
Le point clé de la réussite étant la volonté du client – dès le début du projet – d’entrer dans une démarche d’approvisionnement local.
Cette expérimentation est une réponse efficace aux objectifs d’approvisionnement local exprimés par les collectivités locales. Elle a vocation à se multiplier.
Gabrielle Deloncle
Quelques chiffres
→ 20 000 bénéficiaires, 2 600 000 repas sur 4 mois
→ 100 tonnes de fruits et légumes locaux livrés
→ 85 % de l’objectif d’approvisionnement local atteint
→ 15 producteurs et 4 groupements de producteurs de la région
→ 46 km : distance moyenne des zones de production
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